Le mois dernier a eu lieu en Inde le plus
grand vivier de recrutement au monde. 100 000 postes avec la compagnie ferroviaire
de l’Inde ont ouverts, accessibles par un examen. La nouvelle a suscitée
beaucoup d’intérêt et plus de 20 millions de personnes se sont présentées,
certains passant la nuit sur les lieux pour être les premiers lors de
l’ouverture. Si cette offre suscite un tel intérêt c’est parce que les emplois
offerts sont dans le secteur public. (1). Vu comme offrant des emplois plus stables que
le secteur privé, dans lequel les travailleurs sont toujours à risque d’être renvoyés et
remplacés par quelqu’un prêt à travailler pour moins cher et avec une charge de
travail plus importante et inégale. On a donc une opposition marquée entre le
secteur privé et le secteur public.
Dans le privée, la précarisation semble
être poussée à l’extrême. Dans le capitalisme devenu global, les pays dit du
Sud ou en développement sont souvent contraint à une compétition vers le bas pour créer des conditions plus
favorables aux firmes privées, cette logique se reproduit à échelle moindre sur
les travailleurs dans les firmes. La concurrence est non seulement au niveau
mondial mais aussi au sein de l’entreprise. Les travailleurs doivent se contraindre
à accepter des charges de travail plus élevées et de mauvaises conditions de travail, simplement pour avoir un poste ou éviter d’être remplacé. C’est la flexibilisation
du travail. Dans ce système, on différencie aussi les emplois du
« cœur », de ceux de la « périphérie » qui sont plus
facilement remplaçable (2).
Mais l’État-employeur (3) n’est pas forcément
le sauveur qu’on attendait en réponse à la précarisation des emplois du privé. Visiblement, les emplois du public créer un
tel engouement que le même mécanisme de compétition accrue s’y reproduit. Des témoignages avancent que même en réussissant l’examen rien ne garanti un
poste. Les emplois seront d’abord attribuer à ceux qui ont des contacts dans le
milieux. On part donc sur une base de compétition inégale. Dans un milieu ou
l’écrasante majorité des postulants sont des hommes indiens de moins de 35 ans,
le critère de différenciation et d’embauche ne sont plus les connaissances ou l’examen,
qui finalement devient une formalité, mais plutôt les liens et relations
entretenues par l’individu, sa position sociale.
L’opposition serait en fait ici plutôt
entre les rôles de l’État comme développeur (3), qui initialement encourageait la
privatisation car celle-ci devait créer des emplois et l’État-employeur,
confronté aux limites de la privatisation qu'il a autrefois encouragé . Ces tensions seraient du au fait
qu’une économie florissante, pleine d’entreprise privées ne se signifie pas
toujours des opportunités d’emplois équivalentes.
(1)
BBC WORLD
SERVICE, “Israel-Gaza violence erupts after Killings”, Global News, mis à jour le 12 novembre 2018, <
https://www.bbc.co.uk/programmes/p06rk9z4 >, consulté le 13 novembre 2018
(disponible sur Itunes)
(2) DURAND, Jean-Pierre. « Introduction » et « Fragmentation des marchés du travail et mobilisation
des salariés », dans La chaîne invisible,
travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris, 2004, 11-18 ; 175-206.
(3)
NOISEUX, Yannick.
“Cours 6: transformation des marchés du travail et précarisation”, 2018
Élisabeth Fluet-Asselin
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