Quand Noël
approche, le niveau de stress augmente aussi bien à la maison qu’au travail. Un
article ou plutôt un entretien dans lequel un «stress-coach» donne des
astuces pour bien survivre ce temps stressant est apparu dans un journal suisse
il y a quelques jours[1].
Si on lit l’article, on trouve des suggestions comme « essayez de ne pas
manger du chocolat pour compenser le stress », « le public devrait
parler plus des burnouts » et, mon astuce préféré, « il est possible
de s’entrainer une meilleure résistance contre le stress ! ». Astuces
qui peuvent sembler assez ironiques pour une personne se retrouvant
effectivement avec une charge de travail trop grande…
Il semble
donc socialement accepté ou plutôt normalisé qu’on est stressé à cause du
travail, même jusqu’à ça crée des problèmes de santé importants, mais bon si
c’est le cas il faut tout simplement augmenter la résistance contre le stress.
Il n’y a pas de discussion sur la question pourquoi on est stressé ou qu’est-ce
que les entreprises devraient faire pour réduire le niveau de stress, non,
c’est à l’employé/e de « s’améliorer » pour ne pas créer des
problèmes pour l’entreprise car il/elle tombe malade.
Ceci est
d’autant plus choquant car il y a eu, dans le même journal, un article sur la
réduction du nombre d’heures par semaine[2]
dans lequel est fortement critiqué la société de « performance » et
le fait qu’en Suisse, si on n’est pas stressé au travail ça veut dire qu’on est
«insignifiant ou même paresseux [3]».
Au même moment, le parlement n’a pas accepté un changement de la loi du travail
qui voulait permettre aux cadres de commencer la journée de travail à quatre
heures le matin et de pouvoir décider de manière plus flexible sur les heures
de pause entre deux journées de travail[4].
L’argument principal pour ne pas accepter ces changements est que ceci ne
protège pas assez les employés des risques de santé lié au travail et pourrait
augmenter le risque d’avoir un burnout[5].
Clairement,
les suisses sont tiraillés entre la bonne attitude capitaliste qu’il faut être
stressé au travail car sinon ça veut dire qu’on ne travaille pas bien, et
l’idée qui émerge qu’il faut réduire le stress au travail pour mieux protéger
la santé des employés/ées. Si on regarde les articles, il semble que ce sont
plutôt quelques politiciens qui se mettent contre l’économie que ça soit
vraiment le peuple. Le premier article cité, celui qui donne des astuces pour
mieux gérer le stress du travail, n’a (jusqu’au moment de la publication de cet
article) pas du tout provoqué des réponses négatives, il n’y a aucun
commentaire énervé. C’est socialement accepté, ce type d’astuces.
Qu’est-ce
qu’on retient ? Le peuple suisse a tellement intégré l’attitude
capitaliste qu’il le trouve normal que c’est aux employés de trouver des solutions
pour leur stress, et pas aux employeurs. Les suisses ont même votés contre une
semaine de vacances de plus en 2012[6],
probablement par peur de nuire à l’économie suisse qui semble être la chose la
plus importante qu’il faut protéger avec tous les moyens. Il semble que nous
sommes attrapés dans la « roue du Hamster », comme on dit on
suisse-allemand, et on ne sait pas (encore ?) comment en sortir.
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