mercredi 19 décembre 2018

Le stress au travail, les perceptions suisses


Quand Noël approche, le niveau de stress augmente aussi bien à la maison qu’au travail. Un article ou plutôt un entretien dans lequel un «stress-coach»  donne des astuces pour bien survivre ce temps stressant est apparu dans un journal suisse il y a quelques jours[1]. Si on lit l’article, on trouve des suggestions comme « essayez de ne pas manger du chocolat pour compenser le stress », « le public devrait parler plus des burnouts » et, mon astuce préféré, « il est possible de s’entrainer une meilleure résistance contre le stress ! ». Astuces qui peuvent sembler assez ironiques pour une personne se retrouvant effectivement avec une charge de travail trop grande…

Il semble donc socialement accepté ou plutôt normalisé qu’on est stressé à cause du travail, même jusqu’à ça crée des problèmes de santé importants, mais bon si c’est le cas il faut tout simplement augmenter la résistance contre le stress. Il n’y a pas de discussion sur la question pourquoi on est stressé ou qu’est-ce que les entreprises devraient faire pour réduire le niveau de stress, non, c’est à l’employé/e de « s’améliorer » pour ne pas créer des problèmes pour l’entreprise car il/elle tombe malade.

Ceci est d’autant plus choquant car il y a eu, dans le même journal, un article sur la réduction du nombre d’heures par semaine[2] dans lequel est fortement critiqué la société de « performance » et le fait qu’en Suisse, si on n’est pas stressé au travail ça veut dire qu’on est «insignifiant ou même paresseux [3]». Au même moment, le parlement n’a pas accepté un changement de la loi du travail qui voulait permettre aux cadres de commencer la journée de travail à quatre heures le matin et de pouvoir décider de manière plus flexible sur les heures de pause entre deux journées de travail[4]. L’argument principal pour ne pas accepter ces changements est que ceci ne protège pas assez les employés des risques de santé lié au travail et pourrait augmenter le risque d’avoir un burnout[5].

Clairement, les suisses sont tiraillés entre la bonne attitude capitaliste qu’il faut être stressé au travail car sinon ça veut dire qu’on ne travaille pas bien, et l’idée qui émerge qu’il faut réduire le stress au travail pour mieux protéger la santé des employés/ées. Si on regarde les articles, il semble que ce sont plutôt quelques politiciens qui se mettent contre l’économie que ça soit vraiment le peuple. Le premier article cité, celui qui donne des astuces pour mieux gérer le stress du travail, n’a (jusqu’au moment de la publication de cet article) pas du tout provoqué des réponses négatives, il n’y a aucun commentaire énervé. C’est socialement accepté, ce type d’astuces.

Qu’est-ce qu’on retient ? Le peuple suisse a tellement intégré l’attitude capitaliste qu’il le trouve normal que c’est aux employés de trouver des solutions pour leur stress, et pas aux employeurs. Les suisses ont même votés contre une semaine de vacances de plus en 2012[6], probablement par peur de nuire à l’économie suisse qui semble être la chose la plus importante qu’il faut protéger avec tous les moyens. Il semble que nous sommes attrapés dans la « roue du Hamster », comme on dit on suisse-allemand, et on ne sait pas (encore ?) comment en sortir.  

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