lundi 10 décembre 2018

Bonne nouvelle pour les travailleurs « ubérisés »



Dans un article du quotidien français La Croix, on apprend qu’en France, la cour de cassation a reconnu le statut de salariés aux coursiers à vélo de l’entreprise Take Eat Easy. Bien qu’ayant fermé ses portes en 2016 et donc fait perdre leur emploi à 2500 coursiers, ceci ouvre la porte aux livreurs d’autres entreprises comme Deliveroo et Uber Eats de contester leur statut d’auto-entrepreneurs. En effet, ces entreprises fonctionnent d’une manière très similaire ce qui suggère que cette requalification pourrait très bien s’appliquer à eux aussi. À l’origine de cette requalification, on trouve justement une demande de requalification de la « relation contractuelle avec TEE en contrat de travail ». C’est le lien de subordination entre les livreurs et l’entreprise qui conforté la plus haute juridiction française dans cette décision.
En France, le statut d’auto-entrepreneurs ne permet pas aux individus de bénéficier de l’assurance chômage en cas de cessation d’activité.[1] Ceci peut alors causer une grande précarité si l’entreprise venait à rompre sa relation de travail avec le livreur. Au Québec, les coursiers ont un statut de travailleurs autonome[2]. Or, selon Éducaloi « Le travailleur est une personne qui travaille pour elle-même et non pour le compte d’une autre personne ».[3] Dans le cas d’Uber, cette qualification de la relation de travail est donc contradictoire et nie des droits aux chauffeurs puisque c’est bien par le biais de la plateforme d’Uber que les employés obtiennent leur travail. De plus, celle-ci a le pouvoir de faire cesser la relation si le livreur/chauffeur. D’un autre côté, il est vrai que le travail auprès d’entreprises de ce genre rempli les critères déterminés par les tribunaux québécois tel que le fait de contrôler son travail, fournir ses propres outils ainsi que la possibilité de faire des profits et des pertes.[4] Toutefois, il est possible de nuancer ces points et le fait d’être sous le contrôle d’une entreprise semble contredire ce statut. Par exemple, n’importe quel employé payé à la commission à la possibilité de faire des profits ou des pertes au regard de son revenu moyen, cela n’en fait pas un travailleur autonome pour autant. La nouvelle forme de travail que suppose les plateformes telles qu’Uber montrent la nécessité d’une définition particulière au statut des livreurs/chauffeurs. Autrement, cela se traduit par un désengagement de ces entreprises envers les employés, car – il ne faut pas se leurrer – c’est bien ce qu’ils sont : des employés. Cette décision de la cour de cassation française ouvre donc la voie aux livreurs/chauffeurs qui souhaitent redéfinir leurs statut de travail et ainsi avoir les droits qui leurs sont dus.

 Par Samantha Duchesne
BIBLIOGRAPHIE

Éducaloi. « Le statut de travailleur autonome », 2018.
https://www.educaloi.qc.ca/capsules/le-statut-du-travailleur-autonome
La Croix, « La Cour de cassation octroie le statut de salarié aux coursiers à vélo », 29
novembre 2018. https://www.la-croix.com/France/Justice/Cour-cassation-octroie-statut-salarie-coursiers-velo-2018-11-29-1200986394?fbclid=IwAR2ThJTTUytxRvp_E3Epbj28mzh0_MR3ggGyi0gt0Tge15lW1-jYqAp2Z6U
Revenu Québec. Uber. Transport rémunéré de personnes, 2018.
Service-Public-Pro.fr, « Devenir micro-entrepreneur », 10 août 2018.
https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23961


[1] Service-Public-Pro.fr, Devenir micro-entrepreneur (Comment faire pour, 10 août 2018). https://www.service-public.fr/professionnels-entreprises/vosdroits/F23668
[2] Revenu Québec, Uber (Transport rémunéré de personnes, 2018). https://www.revenuquebec.ca/fr/citoyens/votre-situation/transport-remunere-de-personnes/uber/
[3]Éducaloi. Le statut de travailleur autonome (Types d’entreprises, 2018). https://www.educaloi.qc.ca/capsules/le-statut-du-travailleur-autonome
[4] Ibid

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