mercredi 11 janvier 2017


La hausse d’emploi au Québec; à remettre en question!

Le Québec est championne de la création d’emploi, avec la Colombie Britannique, dans le marché canadien au cours de l’année passée. Un fort message promu par les chiffres de l’enquête sur la population active pour décembre 2016, récemment publiée par statistique Canada[1]. Une large partie du gain d’emploi au canada est enregistrée au Québec (+90,000 sur les 214,000 emplois créés en 2016).  Ces résultats apparaissent dans une période où le gouvernement libéral continue à défendre ses réclamations sur les mesures d’austérité adoptées au cours des deux dernières années  - qui ont contribué à « littéralement sauver le Québec[2] » - et qui est en voie d’accomplir ses promis de créer aux alentours de 250,000 emplois au cours de leur mandat.
Cette hausse d’emploi au Québec (2,2% en 2016) se basent largement sur l’augmentation des emplois à temps plein (+85,000 emplois) dans la seconde moitié de 2016 et dont les critères ne sont point spécifiés. Le taux de chômage a reculé de 1.3 point pour se situer au-dessous de 7% (6.6%) à la fin de l’année [3]. L’emplois des femmes a augmenté (+12500) mais on sait peu sur la qualité de ces emplois, l’égalité salariale et les conditions de travail des femmes. Une revue des donnés au niveau des différents secteurs dévoile que la création d’emploi se concentre dans le secteur des services et plus précisément au niveau de trois catégories : services aux entreprises, l’information et « autres services » qui inclue les emplois dans les services de réparations et entretien; tandis que des secteurs comme l’enseignement, le soin de la santé , l’agriculture (l’emploi dans le secteur agricole est en baisse  au Québec) et la  fabrication sont classés parmi les secteurs en bas de l’échelle de la création d’emplois. Une partie signifiante des emplois créés  dans le secteur public (+7300 emplois jusqu’à décembre 2016[4])  s’inscrit dans le secteur de services d’administration publique qui englobe les emplois dans les services de la sécurité publiques, la taxation et la gestion des projets gouvernementaux.
Ainsi, une interprétation plus qualitative de ces données nous permet de mieux digérer cette vague de positivisme qui a envahi les premières deux semaines de l’année. Ceci dit, le bon avancement dans la création des emplois est assez concentré dans les régions métropolitaines de Montréal et la ville du Québec. Alors que d’autres autres régions du Québec, surtout la Montérégie, ont enregistré des rapports négatifs au niveau de la création d’emplois, même pour Laval, Lanaudière et l’Estrie[5].
Une étude récente de Statistique Canada[6] a montré que la structure d’emploi au Québec, au cours de la dernière décennie, défavorise les jeunes (25-34 ans), les plus vulnérables, sans diplômes d’études secondaire.  Selon Ysabel Provencher, professeure à l'école de service social de l'Université Laval, ceci est accordé à l’offre d’emplois de plus en plus spécialisée et à la surspécialisation des travailleurs (la surqualification atteint 31% au Québec).  Mme. Provencher affirme que les non-diplômés sont de plus en plus poussés vers le travail précaire ou bien à accumuler plus qu’une embauche pour survivre.  La détérioration des salaires est une autre réalité qui nécessite notre attention lors de l’interprétation de la hausse d’emploi.  Une étude réalisée par le CIBC conclut que 61% des canadiens gagnent moins que le salaire moyen et cela est un phénomène observé au cours de la dernière décennie[7]. En même temps, l’endettement des ménages est en hausse : les derniers chiffres montrent que le nombre des saisies a enregistré un record dans la ville de Québec[8], où la hausse d’emplois était plus signifiante au cours de cette année, aussi le pouvoir d’achat des québécois-es ne s’est pas amélioré, le magasinage pour les fêtes a été coupé par 10% au décembre dernier[9].
Après deux ans d’austérité, on peut dire que l’offre d’emplois a augmenté, quantitativement, mais les conditions de vie et de travail des travailleurs-es, surtout les plus vulnérables, sont toujours loin d’être améliorées.  Au début de cette année universitaire, j’ai lu un extrait, le regard de l’escargot, de l’ouvrage de Daniel Arasse « on n’y voit rien », où il s’en va au-delà de l’iconographie de l’annonciation, dans un beau tableau daté de 1470, pour questionner les détails liés au regard d’un petit escargot qui se trouve   au coin inferieur du tableau. C’est ainsi que je pense qu’il faut qu’on interprète l’envahissement intellectuel produit par les résultats statistiques quantitatifs sur l’emploi et l’austérité, en général. C’est en se posant des questions et par l’observation perpétuelle qu’on peut déchiffrer les résultats statistiques et les évaluer par rapport à la réalité vécue par les travailleurs-es. Une leçon que j’ai bien retenue au cours de ma première session au département de sociologie à l’UDEM.   







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