La hausse d’emploi
au Québec; à remettre en question!
Le Québec est championne de la création d’emploi, avec la Colombie Britannique,
dans le marché canadien au cours de l’année passée. Un fort message promu par
les chiffres de l’enquête sur la population active pour décembre 2016, récemment
publiée par statistique Canada[1]. Une
large partie du gain d’emploi au canada est enregistrée au Québec (+90,000 sur
les 214,000 emplois créés en 2016). Ces résultats
apparaissent dans une période où le gouvernement libéral continue à défendre
ses réclamations sur les mesures d’austérité adoptées au cours des deux dernières
années - qui ont contribué à « littéralement
sauver le Québec[2] »
- et qui est en voie d’accomplir ses promis de créer aux alentours de 250,000
emplois au cours de leur mandat.
Cette hausse d’emploi au Québec (2,2% en 2016) se basent largement
sur l’augmentation des emplois à temps plein (+85,000 emplois) dans la seconde moitié
de 2016 et dont les critères ne sont point spécifiés. Le taux de chômage a reculé
de 1.3 point pour se situer au-dessous de 7% (6.6%) à la fin de l’année [3]. L’emplois
des femmes a augmenté (+12500) mais on sait peu sur la qualité de ces emplois, l’égalité
salariale et les conditions de travail des femmes. Une revue des donnés au
niveau des différents secteurs dévoile que la création d’emploi se concentre
dans le secteur des services et plus précisément au niveau de trois catégories :
services aux entreprises, l’information et « autres services » qui
inclue les emplois dans les services de réparations et entretien; tandis que
des secteurs comme l’enseignement, le soin de la santé , l’agriculture (l’emploi
dans le secteur agricole est en baisse au Québec) et la fabrication sont classés parmi les secteurs en
bas de l’échelle de la création d’emplois. Une partie signifiante des emplois créés
dans le secteur public (+7300 emplois jusqu’à
décembre 2016[4])
s’inscrit dans le secteur de services d’administration
publique qui englobe les emplois dans les services de la sécurité publiques, la
taxation et la gestion des projets gouvernementaux.
Ainsi, une interprétation plus qualitative de ces données nous
permet de mieux digérer cette vague de positivisme qui a envahi les premières deux
semaines de l’année. Ceci dit, le bon avancement dans la création des emplois
est assez concentré dans les régions métropolitaines de Montréal et la ville du
Québec. Alors que d’autres autres régions du Québec, surtout la Montérégie, ont
enregistré des rapports négatifs au niveau de la création d’emplois, même pour Laval,
Lanaudière et l’Estrie[5].
Une étude récente de Statistique Canada[6] a montré
que la structure d’emploi au Québec, au cours de
la dernière décennie, défavorise les jeunes (25-34 ans), les plus vulnérables,
sans diplômes d’études secondaire. Selon
Ysabel Provencher, professeure
à l'école de service social de l'Université Laval, ceci
est accordé à l’offre d’emplois de plus en plus spécialisée et à la surspécialisation
des travailleurs (la surqualification atteint 31% au Québec). Mme. Provencher affirme que les non-diplômés
sont de plus en plus poussés vers le travail précaire ou bien à accumuler plus
qu’une embauche pour survivre. La détérioration
des salaires est une autre réalité qui nécessite notre attention lors de l’interprétation
de la hausse d’emploi. Une étude
réalisée par le CIBC conclut que 61% des canadiens gagnent moins que le salaire
moyen et cela est un phénomène observé au cours de la dernière décennie[7]. En
même temps, l’endettement des ménages est en hausse : les derniers
chiffres montrent que le nombre des saisies a enregistré un record dans la
ville de Québec[8],
où la hausse d’emplois était plus signifiante au cours de cette année, aussi le
pouvoir d’achat des québécois-es ne s’est pas amélioré, le magasinage pour les fêtes
a été coupé par 10% au décembre dernier[9].
Après deux ans d’austérité,
on peut dire que l’offre d’emplois a augmenté, quantitativement, mais les
conditions de vie et de travail des travailleurs-es, surtout les plus vulnérables,
sont toujours loin d’être améliorées. Au
début de cette année universitaire, j’ai lu un extrait, le regard de l’escargot,
de l’ouvrage de Daniel Arasse « on n’y voit rien », où il s’en
va au-delà de l’iconographie de l’annonciation, dans un beau tableau daté de
1470, pour questionner les détails liés au regard d’un petit escargot qui se
trouve au coin inferieur du tableau. C’est ainsi que
je pense qu’il faut qu’on interprète l’envahissement intellectuel produit par les
résultats statistiques quantitatifs sur l’emploi et l’austérité, en général. C’est
en se posant des questions et par l’observation perpétuelle qu’on peut déchiffrer
les résultats statistiques et les évaluer par rapport à la réalité vécue par les
travailleurs-es. Une leçon que j’ai bien retenue au cours de ma première
session au département de sociologie à l’UDEM.
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