Enfoui dans mon sous-sol en
cette journée de dimanche Pâques, je n’ai pas d’autres choix que d’écrire ce
blogue parce que c’est payant. C’est là
une façon rationnelle d’utiliser mon temps. Pas si longtemps que cela, j’aurais
choisi d’aller à la messe pour célébrer le Christ ressuscité. Aujourd’hui, le
pasteur fait la messe en direct sur YouTube. Je peux faire mon travail et
garder un œil sur ce qui se passe dans ma paroisse. Dans l’entreprise-monde le
temps nous manque pour cultiver des vertus dont la rentabilité ne se calcule
pas en profit que l’on dit concret. Pourtant, cette entreprise qui semble
prendre la place centrale dans nos vies est prête et est déjà en train de nous
faire concurrence.
L’entreprise
et nous, un amour infini
L’entreprise est
omniprésente dans nos vies. Elle nous donne les moyens, via certaines
applications informatiques, de communiquer avec le monde : skype, google,
yahoo, Facebook etc. Nous sommes branchés à longueur de journée. L’entreprise
réalise ainsi une promesse divine dans nos vies : « je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.» Elle
nous permet de vivre en harmonie avec l’éthique religieuse en nous permettant
de «gagner notre vie à la sueur de notre
front ». Elle veille à notre sécurité en nous offrant de connecter notre
maison avec des caméras de surveillance 24h/24h. Elle nous permet d’être riches
en dépensant de l’argent que nous ne possédons pas. Si ce n’est pas veiller à notre
bonheur alors c’est quoi le bonheur ? Elle s’est tellement approchée de nous que
notre relation avec elle est devenue fusionnelle au point qu’elle peut nous entendre
penser désormais. Et, cela je ne suis pas le seul à le remarquer. Martine Roux
a publié un article dans le journal les Affaires le 24 mars 2016. Elle fait remarquer
trois choses qui retiennent mon attention. D’abord, elle dit que chaque acte
que nous posons avec les outils que l’entreprise met à notre disposition est un
moyen pour l’entreprise de mieux nous connaitre dans le but de «veiller à notre
consommation.» Ensuite, elle nous fait remarquer que ce travail colossal de
surveillance, qui amène l’entreprise à devenir omnisciente, est l’œuvre d’une
intelligence artificielle (IA). Enfin, elle ajoute que même si que tout ceci
soit illégal selon les lois en vigueurs et que nous avons les moyens de nous
démêler les pieds de la toile, la confiance que nous avons en l’entreprise-dieu
est tellement inébranlable que nous sommes prêts à sacrifier notre liberté pour
rester connecter. Quel danger nous guette ?
Un
prix à payer ?
L’intelligence artificielle
(IA) mis entre les mains de l’entreprise nous fera concurrence jusqu’à prendre
notre place. L’entreprise finira par nous prendre ce qui fait notre
singularité, notre capacité de penser et d’innover. Stan Matwin professeur
titulaire d’une chaire de recherche canadienne et aussi dirigeant de l’Institut
Big Data Analytics de l’Université Dalhousie, à Halifax s’enflamme même à l’idée :
L’IA remplit [les] taches
avec plus de fiabilité, plus uniformément et plus économiquement qu’un humain
(…) Nous créons maintenant des programmes qui, à partir d’un objectif et de
beaucoup de données, apprennent d’eux-mêmes à reconnaitre des formes complexes
et à comprendre les émotions. (…) Dans 20 ans nous pourrons parler en français,
au téléphone, à un interlocuteur qui nous entendra en anglais (ou en Chinois)
et qui nous répondra dans sa langue, mais que nous entendrons dans la nôtre.
D’ici 10 ans, nous utiliserons des autos qui se conduisent d’elles-mêmes, ce
qui rendra la conduite beaucoup plus sûre. Les méthodes mises au point pour
l’ordinateur qui a battu le champion du monde de Jéopardy produiront des conseils
médicaux personnalisés prenant en compte toute la documentation existante
(Matwin, 2015)»
Alors si j’embrasse mon
ennemi c’est mieux pour l’étouffer. Le processus de destruction créatrice est
bien en marche. Une récente étude du MIT souligne que dans un avenir tout
proche : «les machines intelligentes seront bientôt responsables de
nombreux licenciements dans les secteurs tertiaires tel le droit, les finances,
l’éducation et la médecine. (Barrat, 2013)» Il ne s'agit pas d’emplois de
cordonniers ou tisserands que la révolution industrielle à fait disparaitre. Il s'agit d’emplois pour lesquels nous avons passé le plus clair de notre temps à
étudier. L’entreprise s’attaque donc à notre mode de vie. Si autrefois, l’État pouvait se targuer de jouer le rôle central dans nos vies, aujourd’hui il est à
la traine. Il a vendu ses droits d’ainesse à l’entreprise au nom de la société
néolibérale. De nos jours, quand l’État veut punir un terroriste, il doit
trouver les moyens pour convaincre le dieu Apple de lui donner des informations.
Il doit courber l’échine devant Dieu. Après tout Dieu ne tient-il pas l’univers
dans sa main ? Mais, comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous sommes devenus trop
individualistes au sens de Tocqueville. Nous ne sommes concernés que par ce qui
nous touche directement ou qui touche directement une personne de notre entourage immédiat
comme nos enfants, notre femme. Et cette visée individualiste est née en nous
avec la division du travail mis en marche par l’entreprise industrielle. C’est
facile en mobilisant ces théories de jeter le blâme sur l’entreprise. C’est
elle qui continue de faire concurrence à nos ressources naturelles. Elle les
aura jusqu’à épuisement. Les forêts sont détruites, elles sont remplacées par
des condos. C’est ce qu’elle fait l’entreprise elle vous fait concurrence jusqu’à
prendre votre place. J’ai hâte de voir la solution qu’elle nous réserve pour
remplacer l’air quand elle sera trop polluée.
Mais qui est cette entreprise que nous ne cessons d’incriminer?, du
moins qui est-ce qui est ce qui se cache derrière ces entreprises. Euh!!!! Eh
bien, c’est nous ? C’est qui ce nous ? Nous les humains. Sommes-nous
suicidaires ? Pas besoin, nous sommes simplement égoïstes au point de nous
faire concurrence jusqu’à exterminer l’espèce. Après tout, nous en tirons un
profit immédiat et par les temps qui court, c’est ce qui compte.
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