mardi 29 mars 2016

Quand l’entreprise nous encercle et nous fait concurrence !



Enfoui dans mon sous-sol en cette journée de dimanche Pâques, je n’ai pas d’autres choix que d’écrire ce blogue parce que c’est payant.  C’est là une façon rationnelle d’utiliser mon temps. Pas si longtemps que cela, j’aurais choisi d’aller à la messe pour célébrer le Christ ressuscité. Aujourd’hui, le pasteur fait la messe en direct sur YouTube. Je peux faire mon travail et garder un œil sur ce qui se passe dans ma paroisse. Dans l’entreprise-monde le temps nous manque pour cultiver des vertus dont la rentabilité ne se calcule pas en profit que l’on dit concret. Pourtant, cette entreprise qui semble prendre la place centrale dans nos vies est prête et est déjà en train de nous faire concurrence.

L’entreprise et nous, un amour infini

L’entreprise est omniprésente dans nos vies. Elle nous donne les moyens, via certaines applications informatiques, de communiquer avec le monde : skype, google, yahoo, Facebook etc. Nous sommes branchés à longueur de journée. L’entreprise réalise ainsi une promesse divine dans nos vies : « je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin du monde.» Elle nous permet de vivre en harmonie avec l’éthique religieuse en nous permettant de «gagner notre vie à la sueur de notre front ». Elle veille à notre sécurité en nous offrant de connecter notre maison avec des caméras de surveillance 24h/24h. Elle nous permet d’être riches en dépensant de l’argent que nous ne possédons pas. Si ce n’est pas veiller à notre bonheur alors c’est quoi le bonheur ?  Elle s’est tellement approchée de nous que notre relation avec elle est devenue fusionnelle au point qu’elle peut nous entendre penser désormais. Et, cela je ne suis pas le seul à le remarquer. Martine Roux a publié un article dans le journal les Affaires le 24 mars 2016. Elle fait remarquer trois choses qui retiennent mon attention. D’abord, elle dit que chaque acte que nous posons avec les outils que l’entreprise met à notre disposition est un moyen pour l’entreprise de mieux nous connaitre dans le but de «veiller à notre consommation.» Ensuite, elle nous fait remarquer que ce travail colossal de surveillance, qui amène l’entreprise à devenir omnisciente, est l’œuvre d’une intelligence artificielle (IA). Enfin, elle ajoute que même si que tout ceci soit illégal selon les lois en vigueurs et que nous avons les moyens de nous démêler les pieds de la toile, la confiance que nous avons en l’entreprise-dieu est tellement inébranlable que nous sommes prêts à sacrifier notre liberté pour rester connecter. Quel danger nous guette ?

Un prix à payer ?

L’intelligence artificielle (IA) mis entre les mains de l’entreprise nous fera concurrence jusqu’à prendre notre place. L’entreprise finira par nous prendre ce qui fait notre singularité, notre capacité de penser et d’innover. Stan Matwin professeur titulaire d’une chaire de recherche canadienne et aussi dirigeant de l’Institut Big Data Analytics de l’Université Dalhousie, à Halifax s’enflamme même à l’idée :
L’IA remplit [les] taches avec plus de fiabilité, plus uniformément et plus économiquement qu’un humain (…) Nous créons maintenant des programmes qui, à partir d’un objectif et de beaucoup de données, apprennent d’eux-mêmes à reconnaitre des formes complexes et à comprendre les émotions. (…) Dans 20 ans nous pourrons parler en français, au téléphone, à un interlocuteur qui nous entendra en anglais (ou en Chinois) et qui nous répondra dans sa langue, mais que nous entendrons dans la nôtre. D’ici 10 ans, nous utiliserons des autos qui se conduisent d’elles-mêmes, ce qui rendra la conduite beaucoup plus sûre. Les méthodes mises au point pour l’ordinateur qui a battu le champion du monde de Jéopardy produiront des conseils médicaux personnalisés prenant en compte toute la documentation existante (Matwin, 2015)»
Alors si j’embrasse mon ennemi c’est mieux pour l’étouffer. Le processus de destruction créatrice est bien en marche. Une récente étude du MIT souligne que dans un avenir tout proche : «les machines intelligentes seront bientôt responsables de nombreux licenciements dans les secteurs tertiaires tel le droit, les finances, l’éducation et la médecine. (Barrat, 2013)» Il ne s'agit pas d’emplois de cordonniers ou tisserands que la révolution industrielle à fait disparaitre. Il s'agit d’emplois pour lesquels nous avons passé le plus clair de notre temps à étudier. L’entreprise s’attaque donc à notre mode de vie. Si autrefois, l’État  pouvait se targuer de jouer le rôle central dans nos vies, aujourd’hui il est à la traine. Il a vendu ses droits d’ainesse à l’entreprise au nom de la société néolibérale. De nos jours, quand l’État veut punir un terroriste, il doit trouver les moyens pour convaincre le dieu Apple de lui donner des informations. Il doit courber l’échine devant Dieu. Après tout Dieu ne tient-il pas l’univers dans sa main ? Mais, comment en sommes-nous arrivés là ?
Nous sommes devenus trop individualistes au sens de Tocqueville. Nous ne sommes concernés que par ce qui nous touche directement ou qui touche directement une personne de notre entourage immédiat comme nos enfants, notre femme. Et cette visée individualiste est née en nous avec la division du travail mis en marche par l’entreprise industrielle. C’est facile en mobilisant ces théories de jeter le blâme sur l’entreprise. C’est elle qui continue de faire concurrence à nos ressources naturelles. Elle les aura jusqu’à épuisement. Les forêts sont détruites, elles sont remplacées par des condos. C’est ce qu’elle fait l’entreprise elle vous fait concurrence jusqu’à prendre votre place. J’ai hâte de voir la solution qu’elle nous réserve pour remplacer l’air quand elle sera trop polluée.  Mais qui est cette entreprise que nous ne cessons d’incriminer?, du moins qui est-ce qui est ce qui se cache derrière ces entreprises. Euh!!!! Eh bien, c’est nous ? C’est qui ce nous ? Nous les humains. Sommes-nous suicidaires ? Pas besoin, nous sommes simplement égoïstes au point de nous faire concurrence jusqu’à exterminer l’espèce. Après tout, nous en tirons un profit immédiat et par les temps qui court, c’est ce qui compte.


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