Dans un article du Devoir, Isabelle Porter fait
un retour sur Objectif Emploi, un programme lancé en 2017 par le gouvernement
libéral et qui « vise à ramener les nouveaux prestataires de l’aide
sociale sur le marché du travail ».[1] Ce
dernier a subi plusieurs critiques à son lancement en avril en raison de sa
nature coercitive. En effet, en acceptant ou en refusant de s’engager dans le
programme, les nouveaux prestataires peuvent recevoir des prestations (allant
jusqu’à 240$/mois) supplémentaires ou, au contraire, des pénalités (allant
jusqu’à 224$/mois).[2]
Selon ce que l’article révèle, seulement 0,6% des participants ont eu des
pénalités de 56$. Le programme a d’ailleurs compté beaucoup moins de
participants que prévus (3526 plutôt que 17 000). Aussi, le nouveau
ministre de la du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale, Jean
Boulet, est favorable à l’augmentation du salaire minimum, mais est réticent au
15$/heure. Le ministre craint effectivement que les PME en souffrent et
licencient de leurs employés, en particulier des jeunes.
Tout d’abord, il est possible de s’interroger
sur les raisons d’un aussi faible niveau de participation au programme Objectif
Emploi. Les critiques émises ont-elles découragées d’éventuels participants ne
voulant pas s’exposer à tant de pression? Ce genre de programme suggère aussi
que les bénéficiaires de l’aide sociale ne mettent pas suffisamment d’efforts
dans la recherche d’emploi. Or, certains sont dans l’impossibilité de
travailler si, par exemple, leur état de santé ne le permet pas. On leur
octroie alors le statut de « Avec contraintes temporaires » et donc
une allocation supplémentaire.[3]
Comme le révèle certains cas, il peut parfois être ardu de faire reconnaître ce
statut.[4] Beaucoup
d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte dans le montant alloué,
mais une personne seule et sans contraintes n’obtient que 633$ par mois
(contrairement au 648$ indiqué dans l’article, sauf erreur de ma part).[5] Ce
montant est, comme on peut s’en douter, très peu enviable. Cela ne veut pas
dire pour autant que les prestataires devraient se tourner d’emblée vers des
emplois au salaire minimum.
En ce sens, le ministre Boulet semble se contredire en
reconnaissant qu’il est effarant qu’autant de québécois travaillent à moins de
15$ de l’heure (760 000 selon l’article), mais en étant plus ou moins
disposé à en faire le salaire minimum.[6]
Doit-on en comprendre qu’il s’agit d’une augmentation enviable, mais pas pour
n’importe qui, ni au détriment des PME? Selon le site internet Minimum 15$
contredisent l’affirmation selon laquelle ne peuvent se permettre cette hausse.
Celui-ci souligne toutefois que l’augmentation devrait être graduelle.[7]
Enfin, pour un bénéficiaire de l’aide sociale, un emploi au
salaire minimum peut sembler intéressant au court terme, en comparaison à la
prestation mensuelle de 633$, mais au long terme, ça l’est moins. C’est surtout
le cas sans une augmentation du salaire minimum à 15$. Les pressions exercées
envers les prestataires les poussent-ils alors à accepter des emplois au
salaire minimum dans le but de faire cesser une telle coercition et éviter
l’obtention de pénalités?
BIBLIOGRAPHIE
Emploi
Québec, « Nouveaux montants de prestations », Programme d’aide
sociale et
Programme de solidarité sociale, décembre 2012.
http://www.emploiquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers/pdf/Publications/00_nouv-montants-prestation_2018.pdf
Minimum
15$, Mythes et réalités, Québec,
2018.
https://www.minimum15.quebec/mythes-et-realites/
Porter,
Isabelle. « Objectif Emploi : peu de pénalités données ». Le Devoir, 5 décembre
Radio-Canada,
« Objectif Emploi : un programme controversé pour les prestataires
d’aide
sociale », Radio-Canada, 2 avril 2018. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1092336/objectif-emploi-programme-controverse-prestataires-aide-sociale
[1] Isabelle
Porter, « Objectif Emploi : Peu de pénalités données », Le Devoir, 5 décembre 2018, https://www.ledevoir.com/politique/quebec/542898/aide-sociale-objectif-emploi-peu-de-penalites-donnees
[2] Radio-Canada,
« Objectif Emploi : un programme controversé pour les prestataires
d’aide sociale », Radio-Canada,
2 avril 2018, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1092336/objectif-emploi-programme-controverse-prestataires-aide-sociale
[3] Emploi
Québec, « Nouveaux montants de prestations », Programme d’aide
sociale et Programme de solidarité sociale, décembre 2012. http://www.emploiquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers/pdf/Publications/00_nouv-montants-prestation_2018.pdf
[4] Radio-Canada,
« Objectif Emploi : un programme controversé pour les prestataires
d’aide sociale », Radio-Canada,
2 avril 2018, https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1092336/objectif-emploi-programme-controverse-prestataires-aide-sociale
[5] Emploi
Québec, « Nouveaux montants de prestations », Programme d’aide
sociale et Programme de solidarité sociale, décembre 2012. http://www.emploiquebec.gouv.qc.ca/fileadmin/fichiers/pdf/Publications/00_nouv-montants-prestation_2018.pdf
[6] Isabelle
Porter, « Objectif Emploi : Peu de pénalités données », Le Devoir, 5 décembre 2018, https://www.ledevoir.com/politique/quebec/542898/aide-sociale-objectif-emploi-peu-de-penalites-donnees
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