mercredi 30 septembre 2015

PKP : entre mandat politique et business OU les réclamations du Front Commun

Le front commun est composé de la Fédération des Travailleurs du Québec (FTQ), de la Confédération des Syndicat Nationaux  (CSN) et du Secrétariat intersyndical (APTS, SFPQ, CSQ). Il est en consultation avec les membres de ses syndicat depuis le début de l’été afin d’obtenir un mandat de grève. Le pouls semble favorable à cette option et selon Monsieur Daniel Boyer, président de la FTQ, l’obtention de ce mandat devrait être conclue vers le milieu de l’automne.

Le rythme des négociations s’est intensifié au cours de l’été, mais les demandes des deux parties demeurent très éloignées et difficilement conciliables. Le gouvernement propose un gel salarial de deux ans, suivi d’une augmentation annuelle de 1% pour les trois années suivantes. Il réclame aussi certaines concessions au  niveau des régimes de retraites.  Cette proposition est littéralement rejetée par le front commun, qui réclame plutôt des hausses salariales de l’ordre  4,5 % annuel pendant trois ans  « ainsi qu'un « montant variable » à être versé à l'expiration de la convention collective pour combler l'écart de la rémunération avec le secteur privé. »

Selon Monsieur Jacques Létourneau, président de la CSN, l’utilisation des moyens de pression sera inévitable si les objectifs de la négociation ne sont pas rencontrés. La grève, partielle, par secteur ou en rotation, est l’un de ces moyens. Monsieur Létourneau reconnaît toutefois qu’il y aura un travail à faire afin de gagner le support de la population quant à la légitimité et la raisonnabilité de leurs demandes.

Selon Messieurs Létourneau et Boyer, le Parti Québécois s’est toujours positionner comme étant le parti du peuple, celui qui représente la classe moyenne. Or, l’actuel et nouveau chef du PQ, Monsieur Pierre-Karl Péladeau, est aussi un chef d’entreprise dont les actions passées l’affligent d’une réputation bien éloignée de l’axe prosyndical, malgré qu’il ait récemment opté, entant que chef du PQ, pour quelques positions progressistes.

Devant l’écart entre la réputation d’un parti celle de son chef, les présidents de la CSN et de la FTQ réclament que Monsieur Péladeau prenne publiquement position dans le débat. Ils soutiennent principalement que ce-dernier n’a pas le choix de prendre position, compte tenu de la divergence de ces réputations et compte-tenu de l’état des négociations.


Conditions de travail et indépendance (législative ?) des municipalités; la Loi R-20 et les Cols bleus

Le lock-out semble aussi être un outil à deux vitesses : selon le gouvernement Couillard, il ne peut pas être utilisé par les travailleurs des municipalités car il occasionnerait la suspension de services essentiels.

Pierre Moreau, ministre des affaires municipales, semble vouloir conférer aux villes le droit de décréter en dernière instance les conditions de travail de leurs employés en cas d’échec ultime de négociation. Cela semble toutefois être le résultat d’analyse de décisions récentes de la Cour Suprême, qui a reconnu le droit de grève des employés de municipalités de la Colombie-Britannique et de la Saskatchewan.

Cette décision rendra caduc le mécanisme actuel d’arbitrage et confèrera aux syndicats le droit d’intenter des procédures judiciaires. L’histoire ne dit toutefois pas si l’actuel débat entre le corps policier et le gouvernement sera soumis à cette nouvelle procédure.

Dans la même foulée, les Cols bleus qui exécutent des travaux appartenant à un corps de métier se retrouvant dans la Loi R-20 verront cette-dernière modifiée afin qu’ils puissent bosser en toute légitimité. Rappelons que la Loi R-20 et ses règlements régissent l’exécution des travaux réalisés par un professionnel et appartenant à une catégorie particulière. Chaque travailleur de la construction doit donc détenir une carte de compétence propre à son domaine d’activité et en respecter les règles, notamment effectuer seulement les actes réserver à son corps de métier.

Cette modification réjouit Marc Ranger, leader du Syndicat Canadien de la Fonction Pulbique, qui prétend que cela aura un effet notable sur la collusion.

Depuis plus de deux ans, le Québec a été le « témoin gentil » (ou plutôt victime!) de la Commission Charbonneau et de négociations collectives dans le milieu de la construction, notamment avec l’Association de la Construction du Québec. Suivant, les remous qu’ont généré ces différents évènements, le milieu de la construction a été lourdement entaché et la confiance du publique envers l’administration et tout ce qui est relié de près ou de loin à la construction a été fortement ébranlée. L’opinion et la confiance populaire en d’ailleurs souffrent toujours.

Je ne saurais affirmer que cette brèche législative aura un effet positif quand à l’opinion du public, ni que la souplesse interne qu’elle procurera, tel que le soutient Monsieur Ranger, supplantera la vision laxiste qui pourrait découler de ce changement : pourquoi les cols bleus bénéficieraient-ils d’une telle exception?

L’application, le respect et le sanctionnement en cas de manquement aux disposition de la Loi R-20 sont assurés par les inspecteurs de la CSST et de la CCQ, dont les décisions, si contestées, sont déférés à la Commission des lésions professionnelles ou à la Cours du Québec, chambre pénale.


Je me questionne sur l’impact réel qu’aura un tel changement législatif tant sur les employés que sur les inspecteurs. « La souplesse interne, rempart contre la collusion », tel qu’alléguée par Monsieur Ranger, aura forcément un impact sur les travailleurs de la construction. Ceux-ci, qui devront toujours être en règle avec la Loi R-20 et, notamment, détenir leur carte de compétence, se font littéralement « passer sous le nez » par les Cols bleus. La réaction et l’opinion des travailleurs de la construction au sens strict n’apparait pas dans cet article et l’envers de la médaille ne me semble définitivement pas dépourvu d’intérêt! Ce qui arrange l’administration et ses gestionnaires génèrent des impacts tentaculaires dont on fait fi dans cet article.

http://www.lapresse.ca/actualites/politique/politique-quebecoise/201509/22/01-4903060-les-villes-pourront-imposer-leurs-conditions-de-travail.php

Marilynn Morin

Prison.

Vendredi le 18 septembre 2015, le Conseil constitutionnel de la France a refusé d'aller de l'avant dans la protection des travailleuses et travailleurs en détention. En effet, alors que l'avocat d'un détenu, appuyé par une pétition signée par 375 personnes, réclamait la mise en place d'un système de droit prenant en considération les spécificités du système carcéral, le Conseil a plutôt « jugé les dispositions contestées conformes à la Constitution ».

Ce refus des membres du Conseil de légiférer les modalités actuelles implique que les conditions de travail des personnes détenues resteront telles quelles : un salaire horaire oscillant entre 20 et 45% du salaire horaire minimum brut national, des difficultés à toucher les indemnités, une interdiction de former un syndicat ou de faire la grève... En bref, « Le droit du travail en milieu carcéral est quasi inexistant ».

Contrairement à certaines idées reçues, le travail des personnes détenues ne se limite pas à l'entretien de leur milieu de vie, puisque celles-ci sont également engagées par des grandes entreprises du secteur industriel (souvent par l'intermédiaire d'employeurs sous-traitants). Les personnes incarcérées effectuent alors principalement les tâches manuelles les plus simples et à plus faible valeur ajoutée pour les entreprises. Leur capacité productive est d'ailleurs mise en concurrence avec d'autres sous-traitants, notamment dans les pays où la main d'oeuvre est encore moins chère. La compétition prend d'ailleurs une tournure illégale dans bien des cas, notamment lorsque les travailleurs et travailleuses sont rémunérées à la pièce afin que leurs employeurs soient à même de répondre aux exigences économiques de l'entreprise mère.

Le « laisser-faire » du Conseil est donc une prise de position politique ayant des conséquences directes sur la façon avec laquelle les marchés économiques s'organisent. En refusant de protéger les conditions des personnes incarcérées, le Conseil permet aux employeurs d'être en compétition sur le marché de la production, favorisant ainsi le développement économique des entreprises qui peuvent alors bénéficier du taux le plus bas. Mais, pendant ce temps, les personnes détenues - dont la seule punition « devrait » être la limitation de leur liberté – sont contraintes à une forme d'emploi s'apparentant à l'esclavage.

Le pouvoir de négociation des personnes détenues est incomparable à celui de leur employeur, ce qui explique que ces derniers payent parfois en deçà des restrictions déjà établies, ou encore imposent une rémunération à la pièce. Ces pratiques formellement interdites ne sont pas sanctionnées, les employeurs pouvant agir en toute impunité face aux personnes dont les droits sont parmi les moins reconnus dans la société. Il faut enfin souligner que les personnes incarcérées qui travaillent le font certes par choix (le travail n'est plus obligatoire dans les prisons françaises depuis les années '70), mais qu'en prenant en compte les contraintes qui pèsent sur celles-ci (absence d'autres revenus dans un contexte précaire, influence sur le dossier des détenus en vue de leur libération conditionnelle… ), la notion de choix demande à être articulée en relation avec leur statut de dépendance et de subordination.

Le néolibéralisme ici évoqué ne favorise donc pas les libertés individuelles, il enferme plutôt à double tour les personnes incarcérées : dans la prison et dans le précariat.

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Friedman, Milton. 2002 [1962]. « Introduction » et « Monopoly and the Social Responsibility of Business and Labor », dans Capitalism and Freedom, The University of Chicago Press, Chicago. Pp. 1-6; 119-120; 123-125.

Durand, Jean-Pierre. 2004. « Introduction » et « Fragmentation des marchés du travail et mobilisation des salariés », dans La chaîne invisible, travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris. Pp. 11-18; 175-206. 

Standing, Guy. 2011. « The Precariat », dans The Precariat : The New Dangerous Class, Bloomsbury, New York. Pp. 1-25.

Travailleurs temporaires mauriciens risquent l’expulsion du Canada



Travailleurs temporaires mauriciens risquent l’expulsion du Canada

Dix-neuf travailleurs temporaires mauriciens risquent d’être expulsés du pays d’un jour à l’autre.   Ces personnes travaillent depuis presque quatre ans comme bouchers chez Olymel, une entreprise québécoise de transformation de viande, notamment de porc et de volaille. Nous savons déjà que les travailleurs étrangers temporaires,  précarisés, accèdent difficilement aux services publics de santé, de services sociaux, de protection en cas de chômage et à la syndicalisation. La situation particulière de ces personnes nous invite à réfléchir sur les discours dominant sur la qualification et la centralité du travail ainsi que sur le rôle du syndicalisme.

Ces bouchers détiennent des permis de travailleurs étrangers temporaires (TET) qui viennent à échéance incessamment. Comme leur métier était considéré qualifié, ils pouvaient effectuer une demande de résidence permanente avant l’échéance de leur permis. C’est ce qu’ils ont fait comme  des  compatriotes et collègues d’Olymel avant eux. Or, les modifications apportées au Programme d’étrangers temporaires PTET par Emploi et Développement social Canada viennent changer la situation.  Depuis l’automne dernier, c’est le salaire médian, et non plus le niveau de qualification d’un emploi, qui determine la possibilité de demander la résidence permanente pour des travailleurs étrangers temporaires.  Toutefois, leurs demandes de Certificat de sélection du Québec, nécessaires à l’obtention de la résidence permanente, ont été refusées sous prétexte que leur métier n’est pas qualifié et ce, même si le programme fédéral exige maintenant que le salaire des travailleurs soit le critère d’amissibilité.  Ces dix-neuf personnes sont donc désormais indésirables, même si elles ont tissé des liens et eu des enfants au Québec.  Comme d’autres travailleurs étrangers temporaires ayant séjourné au Canada pendant quatre ans, ils doivent maintenant quitter le pays pendant une période de quatre ans avant de pouvoir y revenir comme travailleurs temporaires.

La qualification du travail  se construit à l’intersection de plusieurs rapports de domination, notamment de genre, de classe et de race. (Kergoat, 2009 dans Yerochewski et al) Est-il donc plus facile de déclasser un métier quand il est exercé par des travailleurs migrants temporaires racisés, par exemple des bouchers mauriciens? Le cas des immigrants mauriciens est particulièrement emblématique de la construction de la déqualification; comment une personne peut-elle être qualifiée un jour et déqualifiée le lendemain? Le critère du salaire médian est loin d’être une panacée ;  plusieurs travailleurs étrangers temporaires exercent un travail très qualifié mais reçoivent un salaire inférieur au salaire médian. De manière plus générale, nous devons nous poser la question si la qualification est un critère juste pour permettre l’immigration, temporaire ou pas. Ce qui nous mène à notre prochaine préoccupation l’hyper-centralité du travail contemporaine.

Le discours dominant réduit les personnes à leur statut de travailleurs d’autant plus si elles sont immigrantes et racisées; nous oublions donc que ces personnes ont et tissent des liens ; elles ont des familles, des amis, des amants et des collègues. De plus en plus, c’est le fait qu’une personne puisse répondre aux demandes flexibles à souhait du marché du travail qui constitue, dans les lois sur l’immigration et dans le sens commun, une condition à son droit d’immigrer et de rester. Mais ces personnes ont aussi des rêves et  certaines s’engagent dans des associations, comme certains des Mauriciens qui sont membres de l’Association des travailleurs et des travailleuses étrangers temporaires (ATTET), fondée par le Centre des travailleurs et travailleuses immigrants de Montréal (CTI).  Au lieu de réfléchir à ces personnes en terme de compétences spécifiques qu’elles apportent au marché du travail, ne devons nous pas simplement nous rappeler qu’elles sont des personnes?

Et le syndicat dans tout ça? Les dix neuf mauriciens sont syndiqués, comme tous les travailleurs d’Olymel, par le syndicat des Travailleurs et travailleuses unis de l’alimentation et du commerce Canada (TUAC).  Malheureusement, le syndicat brille par son absence. Ce sont l’ATTET et le CTI qui ont organisé des manifestations et une conférence de presse et offrent du soutien, dans la mesure de leurs capacités, à ces personnes. À l’ère de la précarisation du travail,  les syndicats ne devraient-ils pas s’engager dans une lutte qui inclut les personnes qui vivent des dénis de droits, notamment les travailleurs étrangers temporaires? Ils récupèreraient peut-être ainsi une part de leur légitimité quelque peu égratignée…   

Yerochewski, Carole, E. Gareland, F. Lesemann, Y. Noiseux, S. Soussi et
     L .St-Germain. « Non qualifiés les travailleurs pauvres ? dans La crise des
    emplois non qulifiés
(sous la direction de S. Amine). Montréal : Presses
    internationales Polytechnique. Pp. 125-155
 

Susana Ponte Rivera

Vers une semaine de 30 heures?

Considéré par plusieurs comme des modèles de sociétés assez progressistes, les pays scandinaves, avec en tête de file la Suède, sont souvent des précurseurs lorsqu’il s’agit de mettre de l’avant des politiques sociales.

                Le site The Gardian a publié le 17 septembre un article intitulé Efficiency up, turnover down: Sweden experiments with six-hour working day dans lequel il est mentionné qu’un petit groupe d’infirmières fait partie d’un projet pilote qui consiste à travailler six heures par jour tout en recevant la rémunération d’une semaine complète, soit une semaine de quarante heures. On y explique que cette initiative a pour but de modifier le rapport au travail et à la vie de famille. Cette expérimentation menée depuis déjà quelques années dans le pays a été délaissée par les gouvernements de droite qui se sont succédé à la tête du pays pendant près d’une décennie.  Les employées interrogées vantent la nouvelle mesure qui leur permet d’être plus alertes et plus productif-ves au travail tout en permettant de se consacrer davantage à la famille, aux amiEs ou aux activités extra travail. La Suède menait déjà des expériences sur la semaine de trente heures lors de la décennie 90, mais lors de l’entrée de la droite au parlement en 2005, le gouvernement a mis fin à celles-ci et réinstauré la semaine de quarante heures au sein des entreprises concernées. Le discours récurrent était de sensibiliser la population aux coûts trop élevés qu’engendrerait cette politique si elle était appliquée à l’ensemble du pays. À l’heure actuelle, les syndicats et les partis de gauche tentent à nouveau de mettre cette politique à l’agenda.

                Si la droite argue que l’augmentation des coûts, de la semaine de trente heures payées quarante, serait économiquement insoutenable, certaines entreprises ainsi que les travailleurs-euses semblent converger dans l’appui de cette mesure. D’une part, les entreprises y voient la possibilité d’augmenter la productivité –la contribution marginale de chaque employée serait moins faible-, la créativité et même d’embaucher des candidats de premier choix, aussi bien sur le plan national qu’international. D’autre part, d’un point de vue individuel, les travailleuses et les travailleurs ressentent moins de fatigue, se considère davantage motivéEs et apprécient les possibilités que permettent les heures en moins passées au travail. À long terme, il ne faudrait pas non plus négliger les potentialités de réduction du nombre d’arrêts de travail pour cause de maladie(s), de blessure(s) voire d’absentéisme. Qui plus est, bien que cette possibilité soit moins certaine, cette politique pourrait augmenter le nombre de personnes sur le marché du travail.

                Si les potentialités sont intéressantes, les dérives possibles demeurent. D’abord, il y a un risque certain que les employeurs et employeuses soient plus exigentEs quant au rendement de leurs employées puisqu’il-elles seraient payéEs le même salaire pour un nombre d’heures inférieures. Ainsi, nous pourrions voir à l’œuvre de nouveaux mécanismes de gestion néolibérale de l’entreprise ou bien le renforcement des modalités déjà existantes, tels que l’autocontrôle (Dardot et Laval 2009). Par ailleurs, il se pourrait que les entreprises emploient un nombre plus important de personnes, mais que celles-ci soient soumises à des contrats déterminés ou à du temps partiel. Cette situation accentuerait le nombre de personnes se retrouvant en périphérie du marché du travail à défaut d’avoir accès au cœur (Durand 2004) en plus de permettre de contourner la politique mise en place par le gouvernement. En effet, considérant la législation comme trop couteuse, les entreprises pourraient recourir au « jeu de l’externalisation de la main-d’œuvre, en ayant recours à la sous-traitance, aux agences d’intérim et aux travailleurs indépendants, ou par l’utilisation de contrats temporaires ou encore en ne respectant pas la loi sur les normes du travail à l’égard de leurs salariés » (Yerochewski et coll., 136). Cette stratégie pourrait effectivement réduire le nombre de personnes ayant accès à l’ensemble des avantages sociaux et des protections sociales. Ainsi, en résulterait donc une augmentation du nombre de travailleurs et de travailleuses pauvres soumis à un statut précaire.

Références :

Dardot et Laval. 2009. « Discipline (1) : un nouveau système de disciplines » et « Discipline (3) : la gestion néolibérale de l’entreprise », dans la nouvelle raison du monde : essai sur la société néolibérale, La Découverte, Paris. Pp. 299-306; 309-314

Durand, Jean-Pierre. 2004. « Introduction » et « Fragmentation des marchés du travail et mobilisation des salariés »,  dans  la chaîne invisible, travailler aujourd’hui : flux tendu et servitude volontaire, Éditions du Seuil, Paris. Pp. 11-18; 175-206


Yerochewski, Carole, E. Galerand, F. Lesemann, Y. Noiseux, S. Soussi et L. St-Germain.  « Non qualifié les travailleurs pauvres ? », dans la crise des emplois non qualifiés (sous la direction de S. Amine). Montréal : Presses internationales polytechniques. Pp. 125-155

Quand les salariés reprennent leur entreprise après sa fermeture... solution pérenne ou temporaire ?

Quand les salariés reprennent leur entreprise après sa fermeture... solution pérenne ou temporaire ?

Le 24 mai 2015, un article publié dans le journal « Le Monde » affirmait que 58 anciens employés sur les 186 qui avaient été licenciés par le groupe UNILEVER (ancien propriétaire de l’usine FRALIB) avaient choisi de monter une SCOP[1] pour commercialiser des thés biologiques français.
En effet, l’usine FRALIB produisait du thé pour Lipton et des tisanes pour L’Éléphant. Seulement après la menace d’une délocalisation, les salariés de Gémenos ont occupé le site pendant près de 4 ans, soit plus de 1 336 jours pour se faire entendre et négocier. Unilever a été contrainte de verser aux salariés un dédommagement s’élevant à plus de 19 millions d’euros. L’argent partagé à entre autres permis à monter la SCOP 1336 en souvenir de ces 1 336 jours d’occupation de leur usine.

Après un retour sur le marché du travail assez médiatisé, où même le Président français François Hollande avait soutenu la création de cette SCOP[2], la nouvelle marque de thé 1336 a fait son entrée de façon remarquée et attendue dans les rayons d’un hypermarché d’Aubagne ce vendredi 25 septembre 2015[3]. Ce qui m’a bien entendu réjouie c’est l’élan de soutien de la population, des politiques et du leader syndical de la CGT vis-à-vis de cette création d’entreprise puisque 58 personnes ont, en plus d’avoir créé de l’emploi, retrouvé eux-mêmes un travail. Cependant, j’éprouve une certaine réserve à l’égard des reprises d’entreprises par les salariés, car au vu de certaines expériences passées, l’aventure s’avère être de courte durée.

En 2013, des ex-couturières de Lejaby ont crées « les Atelières » selon le même principe que la SCOP 1336 des ex-FRALIB. L’affaire avait également été médiatisée et soutenue par les pouvoirs publics. A l’époque, c’était Arnaud Montebourg, le ministre du redressement productif qui s’occupait du dossier afin de valoriser le « made in France ». Cependant, en février 2015 la société s’est retrouvée en cessation de paiement et par la suite en liquidation judiciaire[4].

Il est tout à fait légitime que les pouvoirs publics soutiennent les anciens salariés dans cette nouvelle démarche afin de sauver leur emploi et possiblement en créer de nouveau. Cependant, au-delà du souci de « sauver les emplois » de ces ex-salariés; les anciens salariés se voient devenir des chefs d’entreprises avec tous les avantages et inconvénients que cela soulève. En effet, en devenant « les patrons » ces anciens salariés ne sont plus soumis au même régime de cotisation, de retraite ou d’assurance chômage. De plus, sauver de l’emploi c’est un fait, mais en créer d’autres et faire en sorte que la société soit viable et compétitive c’est autre chose.
A mon avis, les anciens salariés qui se voient devenir des chefs d’entreprise devraient d’abord être préalablement mieux informés des avantages et des risques liés à la reprise et/ou à la création d’une SCOP. Surtout, ils devraient être mieux formés aux nouvelles exigences du marché travail, et ce, en fonction de leur nouveau statut au sein de cette nouvelle société.
Et si les salariés échangeaient leur place avec le patron temporairement ? En effet, si chaque salarié pouvait « temporairement » se mettre à la place d’un chef d’entreprise lorsque sa société est prospère ou en situation de licenciement ; cela serait une manière de rendre compte que les décisions ne sont pas toujours évidentes à mettre en place et que la réalité (du marché) peut s’avérer plus complexe. Cela est d’autant plus perceptible dans le cas où l’entreprise possède des actionnaires toujours de plus en plus gourmands.
Finalement, le capitalisme et la globalisation poussent les entrepreneurs à la croissance, la compétitivité seulement, si la société n’est pas suffisamment « armée » le licenciement et la liquidation judiciaire est rapidement exigée.

mardi 29 septembre 2015

Uber contre les chauffeurs de Taxi

            Dans un article paru sur Le Devoir intitulé ; « Uber affirme être une solution aux embouteillages dans les grandes villes » écris par Ross Marowits,  Uber défends sa position comme étant un bon moyen de rechange pour les personnes ayant de faibles revenu ne pouvant pas se payer les services des taxi quotidiennement ou de se permettre de se payer une auto. David Plouffe, le conseiller en chef de l'entreprise Uber, considère que Uber peut non seulement apporter une solution aux embouteillages dans les grandes villes puisque 8% des utilisateurs de ce service affirme qu'ils font le choix de ne pas se procurer de voiture pour utiliser ce service mais en plus de cela Plouffe considère que son entreprise apporte un revenu additionnelle en apportant une source de revenu aux étudiants et retraités.

 

            On peut comprendre que Uber suis un modèle qui se rapporte plus à l'approche post-taylorisme que le taylorisme que les entreprises de taxi adoptent car dans ce dernier il s'agit d'un modèle de travail aliénant où l'employé effectue des travaux répétitif et cela à des effets négatifs. La raison pourquoi je dis que les entreprises de taxi peuvent avoir ce genre d'effets est parce que les employés sont poussés à être de plus en plus productifs et cela à des répercussions sur leur santé et sur leur sécurité au travail. Avec le taylorisme, il y a eu beaucoup de licenciement puisque les entreprises se voient en sureffectif. De plus, les employées sont sans défense devant l’autorité de leurs supérieurs il est donc facile de définir le taylorisme comme étant d’une certaine façon un concept inhumain. Je ne dis pas que les entreprises de taxi traitent ses employés de façon inhumaine, mais en suivant ce genre de modèle de travail elle peut facilement causer à un certain degré les effets négatifs mentionnés ci-haut. Uber est une entreprise qui permets aux travailleurs d'avoir des heures flexibles comme il est cité dans l'article et c'est un des points centrale de l'argumentation de David Plouffe.  En effet, c'est un travail recommandable pour des personnes  se cherchant des heures supplémentaires et une bonne méthode pour arrondir ses fins de moi.

 

            Les gens choisissent de s'adonner au système de covoiturage car dans l'alternative les gens seraient forcés de payer des sommes astronomiques pour se procurer des licences, mais il s'agit la aussi d'un grand argument de protestation envers les chauffeurs de taxi qui affirment que la concurrence est déloyale étant donnée qu'ils ont eu justement à se payer des licences alors que les chauffeurs de Uber ne paie rien du tout et s'improvisent chauffeurs de taxi. Alors, les chauffeurs de taxi se rallient dans le but de manifester pour que le gouvernement déclare les services comme illégales et sanctionnent ceux qui y ont recours. D'un autre côté alors que le maire de Montréal Denis Coderre affirme que ces services sont illégaux, le premier ministre du Québec Philippe Couillard déclare qu'il est ouvert à une légalisation des services. Ce genre de déclaration nous montre que malgré les sommes déboursés par les chauffeurs de taxi pour se procurer leur droit de conduire des taxis ils n'ont pas le soutient du même gouvernement pour qui ils ont déboursés de l'argent. La frustration des chauffeurs de taxi considère Uber comme une compétition déloyale étant données qu'ils ont une avalanche de frais comme les inspections deux fois par années, les réparations obligatoires, le permis, les assurances et la plaque commerciale alors que les chauffeurs Uber ne débourse rien de tout cela.  

 


En conclusion on comprends que le débats se maintient beaucoup autour de la légalisation de UberX alors que le véritable questionnement qui devrait-être fait est si il ne faudrait peut-être pas réviser le méthode de travail proposer aux chauffeurs de taxi ?


Maxence Avignon

lundi 28 septembre 2015


Où en est le prolétariat ?

          Le nouveau parti anticapitaliste en France propose des articles sur l’actualité sur leur site internet NPA.org. Dans l’article que j’ai choisit: ‘France : Ou en est le prolétariat ?’, Patrick le Moal explique que le prolétariat est toujours d’actualité. En effet, selon lui la précarité du travail et les conditions de travail restent deux problèmes encore très présent en France.

Patrick Le Moal insiste sur l’importance du prolétariat. C’est selon lui, le prolétariat qui apportera un changement dans les conditions de travail et dans la société dans son ensemble, et cela grâce au socialisme. Il définit le prolétariat dans un rapport de domination. Des travailleurs qui, comme durant la révolution industrielle ; vendent leur force de travail a moindre prix. Cependant ici, Patrick Le Moal insiste sur la diversité de la main d’œuvre. Elle est non seulement masculine comme autrefois, mais elle comprend désormais les femmes, les jeunes et les immigrés. En fait la précarité de l’emploi touche toute personne susceptible d’être a risque. En analysant ce changement de plus près, surtout dans les emplois salarié ; l’inégalité homme femme est plus que flagrante (salaire, profession, type d’emploi … ). Patrick Le Moal explique également que depuis la fin du 19eme siècle il y avait de plus en plus « d’effectifs » dans le secteur industrielle. Cependant ce nombre est en chute depuis les années 70 après une légère stagnation. Cette chute d’effectif est du a la suppression de millions d’emploi dans l’industrie. La main d’œuvres était remplacée par des machines qui pouvaient faire le même travail en étant plus rentable. On retrouve ce phénomène en Angleterre au 17eme siècle avec la machine Jenny. En effet, Engels prend l’exemple des tisserands qui autrefois travaillaient de chez eux. Toute la famille avait un rôle à jouer, la femme et la fille filaient le fil que le père de famille par la suite retravaillait pour le revendre. Les conditions de travail durant ce processus étaient déterminés par la famille. Ils n’étaient pas tenus de faire de longues heures ou encore de travailler sous pressions. Ils travaillaient à leur compte et comme avantage ils étaient leur propre patron.  Engels rajoute que le tisserand avait même du temps pour les loisirs.
Tout cela fut cependant bouleversé par la révolution industrielle. En effet, l’invention de nouvelles machines (a tisser, a vapeur … ) a révolutionné le monde du travail. Ces machines facilitaient le travail et la demande de main d’œuvre était en chute. Il y avait donc de moins en moins de travail pour les ouvriers. Et le mode de vie des tisserands fut bouleversé. On voit ici dans cet article le même phénomène qui se produisait en France, le manque d’effectif expliqué par Patrick Le Moal est le résultat de la révolution industrielle. Les ouvriers se retrouvaient en ‘concurrence’ avec ces machines qui dévalorisaient leur force de travail. En France, comme l’explique l’article ; pour exprimer leur mécontentement les ouvriers font la grève. Certes les machines sont performantes mais elles ont des limites, pour qu’elles fonctionnent il faudrait qu’elles soient actionnées par l’ouvrier. Donc face à ces grèves, les entreprises n’ont pas d’autres choix que de céder à quelques une des demandes. Les grèves sont possibles en partie grâce au syndicat qui a pour but de protéger les employés. Cependant Patrick Le Moal explique que les entreprises créent des ‘syndicats à leur botte’. C’est a dire des syndicats qui ne veilleront plus a l’intérêt des employés mais de l’entreprise elle même.  On parle d’aliénation au travail. A la fin du 19eme siècle, en réponse a l’aliénation au travail qui prend diverses formes, les manifestations prennent de plus en plus d’ampleur.

          Cet article illustre parfaitement les propos d’Engels sur la révolution industrielle en Angleterre. En effet, Patrick Le Moal nous montre que la réalité du prolétariat en France depuis le 17eme siècle est quasiment la même qu’aujourd’hui. Les termes aliénation au travail et destruction d’emplois sont encore d’actualité. Cependant ce crée une sorte de ‘résistance’. Il eut d’abord les grèves puis les manifestations. Ces deux formes de ‘résistances’ sont-elle suffisante ?

Mabinty Dramé

Lien vers article : http://npa2009.org/content/france%E2%80%89-où-en-est-le-prolétariat%E2%80%89