mardi 28 octobre 2014

Travail et droit d'auteur à l'heure d'internet


Dans le cadre d’un récent festival portant sur la culture vidéo-ludique, une série de conférence ont eu lieu autour de divers sujets. L’une d’entre elles, plus particulièrement, portait le titre « Travail et droit d’auteur à l’heure d’Internet », et nous semble poser une réflexion particulièrement intéressante dans le contexte actuel des modifications des marchés du travail.

L’une des parties de la conférence portait ainsi sur la question suivante : « Le droit d’auteur protège-t-il encore les auteurs? ».  En effet, alors que le but original du droit d’auteur était de protéger ces derniers contre les abus de la part des imprimeurs ou des compagnies de théâtre qui s’appropriaient les œuvres artistiques une fois publiées, il est peu à peu devenu une manière d’appropriation du contenu par les distributeurs marchands, et de manière largement plus flagrante sur internet. Son rôle semble donc avoir été renversé. Pour les différents conférenciers, cela est dû notamment au transfert du droit d’auteur d’une considération morale de contrôle sur l’œuvre à une considération proprement économique et, donc, marchandisable et appropriable par les grandes compagnies de diffusion.
On a néanmoins vu ces dernières années l’apparition de plus en plus de personnes qui diffusent, sur des chaînes internet (youtube principalement, mais aussi sur des blogs personnels) des contenus créatifs, que ce soient des critiques de musique ou de cinéma, des vidéos de jeux divers ou autre. Ces vidéos ont rapidement été investi par les grandes entreprises de diffusion, ainsi que par des réseaux publicitaires, qui voyaient là un nouveau mode de marketing pour leurs produits, plus proche des consommateurs et ciblant ceux-ci de manière plus efficace que les publicités traditionnelles.  Les vidéastes les plus populaires peuvent donc maintenant recevoir un salaire basé sur le nombre de visionnement de leurs vidéos, de souscriptions à leurs chaînes, de mention « j’aime » sur facebook, etc. En mettant de la publicité sur leurs vidéos, ils peuvent désormais être payés pour une création originale de contenu, entres autres puisqu’ils permettent de rassembler des données ciblées sur leur auditoire.

Or, comme les conférenciers l’ont présenté, le droit sur internet est une question extrêmement floue. Cela donne droit à une multiplicité de complications, et une grande difficulté pour ces vidéastes de faire reconnaître leur production comme telle. Ainsi, depuis peu, n’importe qui peut affirmer posséder les droits d’auteur sur un contenu sur youtube, par exemple même si ces droits ne concernent que, par exemple, le jeu qui est présenté ou l’interprétation d’une œuvre musicale. Il revient alors au vidéaste de défendre par lui-même son utilisation légale du contenu, par exemple, ou de défendre son droit de propriété sur l’oeuvre.

Là où le bât blesse, c’est que ce droit doit être défendu selon une multiplicité de régimes de droits, issus de la multiplicité des pays où est diffusé le vidéo. Il serait ainsi possible, pour une même création, de devoir se justifier selon les droits britannique, français et canadiens et ce, à la fois en français et en anglais. Pire encore, ces différents pays recoupent des droits d’auteurs différents (copyright pour les pays anglo-saxons, droit d’auteur pour le droit français, etc.) Il devient donc extrêmement difficile pour ces vidéastes de protéger efficacement leur production et, du même coup, leur revenu. On a là un exemple flagrant du travail pour le travail, par exemple, qui demande aux gens de travailleur pour reconnaître même leur travail comme tel.

Il existe des réseaux de diffuseurs (machinima, par exemple) qui agissent en quelques sortes en tant que « gérant » de ces vidéastes, demandant une cote et organisant en contrepartie des affaires légales. De la même manière, certains producteurs financent eux-mêmes les vidéastes selon leur nombre de vue, pour promouvoir leurs jeux. Or, ces pratiques ont des effets particulièrement pervers puisque les diffuseurs peuvent notamment demander aux vidéastes de travailler pro bono, comme on peut le voir avec les journalistes pigistes, en affirmant que la seule visibilité apportée par leur affiliation relève d’un avantage non négligeable. Les producteurs de jeux ou de musique, d’un autre côté, peuvent demander à des vidéastes de ne pas donner de mauvaise critique, de seulement montrer certains points bien spécifiques qui concordent avec leurs campagnes marketing, etc. Le manque de protection de ces travailleurs les oblige donc à rentrer dans ces mécanismes de dépendance vis-à-vis des grands diffuseurs ou producteurs, dans des endroits où ils ne peuvent bénéficier d’aucune protection et où l’organisation collective semble extrêmement inefficace puisque basée dans des pays complètement différent placés sous des régimes de droits spécifiques à chacun.


Il serait donc nécessaire, selon moi, d’explorer des nouveaux modèles de droit d’auteur en dehors des modèles traditionnels basés sur des supports de plus en plus désuets. Certains modèles, comme le creative common ou la licence globale, sont déjà en application par certaines personnes, mais il est facile de voir comment, en l’absence d’entente internationale sur le sujet, ces modèles ne peuvent gagner de l’importance.

UN SYNDICALISME QUI DÉRANGE TOUJOURS.


 http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2014/10/14/002-pompiers-montreal-ronal-marin-vandalisme.shtml
et
 http://koaci.com/cameroun-exclusion-etudiants-leaders-syndicaux-luniversite-yaounde1-95263.html

Bien que les syndicats font partie du paysage socio économique depuis plusieurs années, ces derniers ont toujours du mal à se faire accepter par une certaine classe dirigeante. A croire que l’action collection vue sous l’angle syndicale inquiète vraiment les autorités politiques aussi bien dans les pays du Nord que dans les pays du Sud.

Opposés au projet de loi sur la reforme des retraites, les pompiers de Montréal ont vu leur leader syndical, monsieur Ronald Martin président de l’association des pompiers, suspendu pour six mois sans solde, pour des débordements commis lors des manifestations contre la dite réforme. Le directeur du Service des Incendies de Montréal(SIM) François Massé avec cette suspension entend faire régner le respect de la personne contre l’intimidation exercée par les pompiers. Il prône également  “la tolérance zéro” vis à vis de la partie syndicale. A voir cette acharnement, contre les leaders syndicaux tout laisse penser que les politiques aimeraient passer en force et qu’ils se passeraient bien des multiples tractations avec les différentes associations de défense des travailleurs.

D'un point de vue historique rien de vraiment choquant dans cette opposition pouvoir politique-syndicats. Car c’est ce qui fondent même l’action syndicale d’un coté les autorités politiques qui cherchent à empêcher l’essor des syndicats très souvent  par des lois et règlements. Mais ce qui pourrait interpeller dans la démarches des autorités politiques c’est l’application des sanctions disproportionnées à l’endroit des manifestants. Car lorsque la ville de Montréal décide de congédier ses pompiers manifestants cette décision fait penser aux pratiques d’un autre siècle mais surtout aux pratiques des républiques bananiers.

Dans la même logique on pourrait évoquer le sort de deux étudiants leaders syndicaux de l université de Yaoundé 1, la plus grande université du Cameroun,  arrêtés puis libérés quelques jours plutard. Tout laisse penser à une intimidation des autorités politiques ayant pour but d’envoyer un message assez clair à toute la communauté estudiantine camerounaise, à savoir aucun débordement ne sera toléré ou alors toute velléité de grève sera réprimandée de façon exemplaire. Car il faut signaler que l’un des étudiants soupçonné de préparer une grève a été condamné à payer une amende de 50000fcfa ce qui représente environ trois fois le salaire minimum camerounais.

Dans le contexte africain les revendications des travailleurs ou des étudiants bénéficiant d’ un minimum d’encadrement sont d’autant plus redoutés par les politiques. Car ces manifestations sont très souvent l’étincelle qui pourrait provoquer un embrasement généralisé du pays. Raison pour laquelle ces  manifestations sont durement sanctionnées.

En somme si dans les pays du Sud les syndicats sont bien présents  depuis quelques années, il faut toutefois être lucide sur leur rôle réel dans la société, car dans ces pays les syndicats restent très souvent des coquilles vides, déjà parce que culturellement la lutte syndicale n’est pas ancrée dans les mœurs des travailleurs. Dans ces pays où la corruption est encore bien
présente les syndicats ne saurait échapper à cette gangrène et enfin lorsqu'une organisation syndicale parvient à émerger malgré les multiples obstacles les politiques n’hésitent pas a utiliser la répression policière pour les faire taire.

Par ailleurs, dans les pays du Nord la répression contre les syndicats reste exceptionnelle mais dans ces pays le “combat” des politiques contre les organisations syndicales est beaucoup plus subtil car il se déroule au sein des institutions étatiques à coup de réglementations et de lois mettant à mal la bonne marche des organisations syndicales. Dans cette logique on pense à la future législation canadienne concernant la publication des comptes des organisations syndicales.

Donc deux régions différentes mais la même logique des autorités politiques face aux organisations syndicales, à savoir réduire au maximum l’impact des syndicats dans la gestion des affaires de la cité.   

vendredi 17 octobre 2014

Bonne journée le patronat

Dans un article paru dans le site web Rank and File (http://rankandfile.ca/2014/10/16/happy-boss-day-because-everyday-isnt-enough/) commémorant le Jour du patron, il est important de mentionner quelques aspects. Bien sûr, il s'agit d'une parodie du 99% vers le patronat.Mais, c'est une des raisons pour lesquelles l'argument est toujours valide. L'article fait référence aux différents sujets abordes dans ce cours dont la flexibilité et la précarisation de l'emploi. L'auteur énonce comme le précariat dispute d'abord une lutte presque perdue, mais tout à fait valide, en soulignant quelques conditions dans lesquelles la flexibilité du marche est utilisée pour contrôler la main d'œuvre. On peut commencer par la cinquième condition dont la translation, précise, j'espère, veut dire que les nouveaux embauchés doivent être traites comme déchets. C'est sur que lorsqu'on commence dans une nouvelle position, le(s) patron(s) en question traitent les nouveaux employés avec mépris. Une des causes c'est pour créer une division interne entre les nouveaux et les anciens employés. Pour la plupart, les anciens employés ont préférence à certains privilèges qui les nouveaux y manquent. Comme exemple, je vais mentionner la quinzième cause, qu'en français courant veut dire que les nouveaux employés n'ont pas accès à demander une hausse dans ses salaires. On s'attend a commencer un emploi mais on sait pas si on pourra finir parce que le patron ne te garantit pas s'il peut ou pas te payer tel que convenu en cas de que tu sois meilleur, et avec raison, que le reste des newbies. C'est comme si les règles se faisaient en vertu de la manque d'expérience que les nouveaux employés en font face et comme mécanisme dans une société punitive. Pire encore si on est membre des communautés ethniques, en français canadien propre, des minorités visibles, femme, chef de ménage célibataire, immigrant ou qui ne parle pas la langue. Tous ces facteurs ont un effet qui pénalise à quelqu'un.e qui rempli au moins une de ces caractéristiques. C'est comme une échelle descendante. Plus on rempli les caractéristiques plus on va en bas et le traitement est encore pire.

 Même chose pour la douzième condition. L'organisation a niveau collective est absente dans la plupart d'industries qui entourent la périphérie du marche du travail. Les conditions de travail ne peuvent pas être améliorées puisqu'il n'y a en place un organisme pour l'y faire. Il y a eu, comme exemples, le cas de Walmart, où tout effort pour la syndicalisation a été battu par le patronat, sauf trois ou quatre magasins, dont un est situé dans cette province. Bien sur qu'il y a eu de victoires, notamment comme le cas de Couche-Tard, la chaine de dépanneurs canadienne qui fait concurrence avec Seven Eleven, des États-Unis. Ce sont des victoires mais quand même mineures contre tel géant qui est le patronat. La manque d'organisation reflète le peu d'expérience que les membres de la périphérie ont et même un patronat antagoniste qui ne permet pas aux employés de se renseigner.  Les dites organisations communautaires, sans adresse ni téléphone pour être contactées, les dites fantômes,  apparaissent un jour dans l'est et à l'autre dans l'ouest. Coïncidence? Peut être. Mais une chose est sûre, quelqu'un.e qui parle de ces organisations sans savoir leur provenance fait pratique opportune du charlatanisme. Lorsqu'on vient tout juste d'arriver, pourquoi ne pas aller plus loin si on peut? C'est le cas avec tout type d'organisation qui veut être institutionnalisée dans le milieu périphérique. Même si les organisations sont là, il est recommandable de savoir où est-ce qu'on va parce que avec ou sans boussole c'est sur qu'on est dans le Nord dont tout se passe diffèrent. Dans la journée du patron, on souhaite, que les patrons soient conscient.e.s de que le precariat réveille mais toujours respire fortement et est prêt à se battre dans une lutte difficile dont les chances de s'organiser sont minimales et les pressions sur le précariat surmontent la condition.

Source

Rank and File. « Happy Boss' Day! Because everyday isn't enough ,». 2014. « Vers la fin des stages non rémunérés? » Rank and File. En ligne. Octobre, http://rankandfile.ca/2014/10/16/happy-boss-day-because-everyday-isnt-enough/ .

La face cachée de la flexbilité

Image: http://www.ades-grenoble.org/ades/presse/rv/rv72/rv72-images/flex.gif

Dans un article paraissant dans le journal Forum de l’Université de Montréal, le 25 février 2013, intitulé ¨ Les PME sont bien outillées pour séduire la génération Y¨ cet article rapporte les conclusions d’un mémoire écrit par une étudiante de l’Université de Montréal; Mélanie Brunette. Cette diplômée en relations industrielles s’intéresse à la capacité des PME de pouvoir attirer les jeunes travailleurs qui sont nés dans les années 1980 et 1990 que l’on appelle la génération Y. Souvent qualifiée comme centrée sur elle-même, exigeante, confiante et plus scolarisée que les générations précédentes, cette génération est un véritable défi pour les employeurs qui doivent ajuster leur méthode de gestion s’ils veulent être en mesure de les séduire. Mais quelles sont les exigences qu’ont les Y envers leur employeurs ? Le mot clé : flexibilité ; ¨ La communication constante, la liberté dans la gestion du temps et des méthodes de travail, la conciliation entre le travail et la vie personnelle, les défis multiples, les possibilités d'avancement, la gestion des ressources humaines socialement responsable, la reconnaissance des compétences ainsi que la gestion participative sont autant de facteurs auxquels les Y sont très sensibles.¨[1] Autrement dit, la génération Y veulent un accès facile avec les cadres et faire partie d’une gestion participative (¨76% estiment pouvoir apprendre beaucoup à leur employeur[2]¨) et une flexibilité dans les heures de travail (¨81% considèrent qu’on devrait leur permettre de gérer leur horaire de travail[3]¨).
Un article du journal Métro rapporte l’exemple d’un jeune artiste 3D qui œuvre dans une PME nommée Pixi, et qui dit être convaincu que notre génération se retrouve mieux dans une organisation horizontale. L’article mentionne aussi que cette génération aime pouvoir travailler n’importe où et n’importe quand. Des PME adaptées à la génération Y seraient donc dynamiques, flexibles, et offriraient des postes avec des tâches de moins en moins bien définies. Ce semble être un compromis avantageux pour les jeunes travailleurs autant que pour les employeurs; certains scanderont la fin du 9 à 5, l’humanisation des méthodes de gestion. Enfin terminé avec la discipline infernale du patronat, le stress, les heures fixes et interminables au bureau ? Le patronat serait-il en train de développer une organisation altruiste et ouverte  aux intérêts des jeunes travailleurs ? Ne mordons pas à l’hameçon de si tôt.

Cette génération semble adhérer facilement à ces nouvelles méthodes de gestion, développées, disons-le, d’un angle intéressé, pour l’efficacité des ressources humaines. On assiste à une intériorisation de cette méthode de gestion par la génération Y, comme le rapporte le journal Métro par exemple : ¨ Les Y peuvent travailler partout, n’importe quand, et disent aimer ça.¨[4] Voyons comment le patronat articule (sournoisement?) des mécanisme de discipline de ses employés à travers cette nouvelle méthode de management qui semble, à première vue être sympathique et qui semble généreusement donné beaucoup de place à l’individu, à sa liberté et à ses exigences. Mais, lorsqu’observé, ce nouveau management réussi à déjouer les employés en allant chercher leur adhésion, tout en jouant contre leurs intérêts.
Pour commencer, voyons comment cette méthode néo-libérale d’organisation des entreprises détruit l’esprit de solidarité entre les travailleurs en individualisant les méthodes de gestions. Ce que ce nouveau management libéral a de particulier est de gérer chaque employé de façon particulière comme ¨centre de profit individuel¨[5]. Autrement dit, répond aux demandes de la génération Y en ce qui concerne la flexibilité individuelle. Si la gestion est individualisée et donne la liberté aux employés de gérer leur horaire, leur temps, et leurs méthodes de travail, comment les patrons peuvent garder le contrôle des opérations? Comment le patronat peur rémunérer les employés s’ils perdent le contrôle du temps de travail des employés; les résultats. Le problème d’être payé pour les résultats est la possibilité que cela offre au patronat de pouvoir abuser de la force de travail de l’employé. Le temps de travail devient difficile à calculer, sinon impossible, dans l’intérêt de l’employeur. La liberté que réclame la génération Y a un coût; l’employé se retrouve avec la responsabilité individuelle d’assurer les résultats, et se traduit par un travail qui s’intensifie, sans même que le patron ait à intervenir; un vrai miracle pour les gestionnaires. Comme la responsabilité qui repose sur les épaules des employés de façon individuelle, les employés vont effectuer un autocontrôle de leur travail. La contrainte de performance ne dépend donc plus d’un patron menaçant mais de l’employé lui-même, qui intériorise les demandes de performances du patronat.  Non seulement l’employé doit remplir les demandes souvent de plus en plus exigeantes du patronat mais doit aussi s’assurer qu’il conserve une bonne ¨employabilité¨[6]. C’est-à-dire qu’il doit constamment prouver à son patron qu’il est plus performant que les autres, peu importe son ancienneté, son âge, ou sa condition, sous menace de se faire remplacer. De plus, le nombre de diplômés universitaire a augmenté de 24%, pourtant les jeunes ont un taux de chômage de 14,5% au canada, le double du taux moyen. Les entreprises ont donc avantage à sélectionner les candidats les plus diplômés, qui seront les moins demandant, qui seront eux, contraints à accepter, puisque la possibilité de se retrouver sur le chômage est présente[7].

Pour continuer, l’individualisation des performances a pour conséquence de découragé les mouvements de mobilisation. Puisque par exemple, si un employé est renvoyé pour une raison invalide ou superficiel, les employés n’ont aucun intérêt à rétorquer ou se mobiliser. Bien au contraire, les employés plus bas que celui-ci aspireront de remplacer son poste et ont dans leurs intérêts de fermer les yeux.

De plus, dans les PME, les avantages sociaux et les salaires sont la plupart du temps inférieur à ceux des grandes entreprises, en plus d’avoir une définition de tâche pour les postes plus floue que dans ceux-ci[8]. Donc les jeunes travailleurs de la génération Y sont souvent prêts à accepter ces désavantages financiers au profit d’une meilleure flexibilité. Flexibilité qui, bien souvent permet à l’employeur de gérer l’employé individuellement et lui demander toujours plus pour moins, et qui a tendance à alimenter un environnement de travail compétitif, et donc plus stressant. En plus de devoir constamment être en mesure de répondre à la demande et être évaluer aux résultats individuels, en grugeant de plus en plus la barrière qui sépare le travail de la vie privée. En effet, 65%  des jeunes affirment ne pas être connecté à internet moins de une heure par jour, il devient alors très facile de rédiger un document ou répondre à des courriels concernant le travail n’importe où et n’importe quand. Il devient alors difficile de décrocher du travail. Vive la flexibilité les jeunes !

Anthony Brissette




[1] Journal forum : Marie Lambert-Chan, Les PME sont bien outillées pour séduire la génération Y, 25 février 2013, (en ligne), http://www.nouvelles.umontreal.ca/recherche/sciences-sociales-psychologie/20130225-les-pme-sont-bien-outillees-pour-seduire-la-generation-y.html
[2] Journal métro : Sophie Mangado, Ce que veulent les Y sur le marché du travail, 19 mars 2014, (en ligne), http://journalmetro.com/plus/carrieres/466103/ce-que-veulent-les-y/
[3] Ibid
[4] Ibid
[5] Dardot, Pierre et Christian Laval. 2009. La nouvelle raison du monde. Essai sur la société néolibérale, La Découverte, Paris, p.309
[6] Ibid, p.313
[7] Ceridian: Maximiser la valeur de la génération Y, des stratégies de recrutement et de gestion efficaces que vous pouvez mettre en oeuvre aujourd’hui, (en ligne), http://www.ceridiansmallbusiness.ca/site/tell-me-more/pdf/pme_maximiser_valeur_generation_Y.pdf
[8] Journal forum (1)

La part du syndicalisme dans la réduction des inégalités

Le mouvement syndical s'est historiquement inscrit dans un phénomène plus large de baisse des inégalités. Alors que le niveau des inégalités ne cesse de croître, retrouvant certains écarts de richesse oubliés depuis le début de la Grande Guerre 14-18, le discours anti-syndical en Amérique du Nord se fait virulent, au point de mettre en péril certaines mobilisations qui ne reçoivent plus le soutien de la sacro-sainte «opinion publique».

Pourtant, et c'est l'objet du travail de l'IRIS sur son blogue du Journal de Montréal, le lien entre la redistribution des richesses dans une société et l'essor du syndicalisme se vérifie sur le long terme. «Qu’est-ce qu’un tour d’horizon de la situation prévalant dans les pays développés nous apprend à ce sujet? Quelque chose de bien simple en fait : plus le taux de syndicalisation est fort dans un pays, plus ce pays risque de connaître une meilleure distribution des revenus. »

Malheureusement, ce lien de causalité mis de l'avant par le rapport de l'OIT, se vérifie de la pire façon aux États-Unis. L'article insiste sur la baisse dramatique du taux de syndicalisation dans ce pays, le comparant avec l'explosion des inégalités et particulièrement la place prise par le 1% de la population la plus fortunée.

Si la présence syndicale ne constitue pas l'unique facteur explicatif, son absence laisse le champ libre aux détenteurs du capital pour s'accaparer une part très substantielle de la richesse produite par  la croissance économique. Dans le monde de croissance faible (1%-1,5%) qui semble se dessiner devant nous, et auquel les travaux de Thomas Picketty veulent nous préparer, la taille du gâteau que devrons se partager les travailleurs et travailleuses ne sera pas aussi facile à partager que durant les Trente Glorieuses. Dans ce contexte l'importance des syndicats se doit donc d'être valoriser.

Nicolas Bourgois

Sources :


Le Capital au xxie siècle, collection « Les Livres du nouveau monde », Le Seuil, 2013

jeudi 16 octobre 2014

Assez !

Un Québécois sur 3 a déjà été confronté au suicide, et dans 28% des cas, il s’agissait d’un collègue. 16% des suicides se font sur le lieu de travail. Comme on peut le lire dans cet article tiré de www.lapresse.ca, le suicide est une réalité dans le monde du travail.


Malheureusement, les démarches des entreprises pour contrer ce phénomène sont largement insuffisantes. La prévention est quasiment inexistante, le principal moyen mis en place actuellement étant l’information. Lorsqu’un cas de suicide survient, l’entreprise offre un soutient psychologique aux employés pendant un ou deux jours, puis le quotidien de l’entreprise reprend. Par ailleurs, le sujet est tabou dans la plupart des lieux de travail. Seules une minorité d’employeurs est prête à en parler, ou à agir.

J-P Brun, spécialiste des questions de bien-être au travail, voit une montée de la détresse psychologique des employés. Il rappelle néanmoins que les gestionnaires ne sont pas censés, ni formés d’ailleurs, pour voir arriver ces suicides. Il conseille de mettre en place un réseau pour déceler les signes avant-coureurs et diriger les personnes à risque vers un soutient psychologique. Le fait de se suicider sur le lieu du travail, selon Brun, permet d’épargner la famille de la découverte du corps, et de montrer que le sentiment de malaise provenait de cet endroit. Un suicide au bureau crée un sentiment de culpabilité chez les employeurs ainsi que chez les collègues, et leur fait prendre conscience, toujours selon Brun, que la vie humaine est plus importante que le profit.

Alors que les conditions de travail se sont nettement améliorées depuis le 19ème siècle, notamment avec la diminution du temps de travail, des environnements plus sûrs et plus confortables, des salaires plus élevés, le suicide au travail est un problème actuel, qui n’a pas été diminué par ces changements. Mais n’oublions pas qu’avec le développement du capitalisme, qui pousse à produire toujours plus pour faire toujours plus de profit, la pression mise sur les travailleurs s’est accrue. Même si les conditions de travail sont matériellement plus confortables, elles sont psychologiquement plus difficiles.

« C’est bien beau les profits et la performance, mais il y a d’abord et avant tout la vie humaine », conclut Brun dans l’interview. Mais ce n’est pas ce qui est appliqué par les entreprises ! Au contraire, le profit est leur credo, au détriment du bien-être des employés. Ceux-ci sont des instruments pour faire plus d’argent. Leur état d’esprit à eux est malheureusement peu pris en compte par les employeurs. On leur en demande toujours plus, ils doivent être productifs, efficaces, à disposition souvent même après les heures de travail. C’est l’accumulation de ces facteurs qui peut causer un grand stress, voir même une détresse psychologique.

Et les employeurs, comme l’article le relève, prennent trop peu d’initiative pour améliorer cette situation. Mais pourquoi y a-t-il cette omerta ? Ce tabou autour du suicide ? Tout d’abord, le suicide n’est de manière générale pas un sujet facile à aborder, même dans d’autres milieux, comme la famille ou les amis. Mais dans le contexte de l’entreprise, en parler prend une dimension risquée pour les patrons. Il est plus confortable pour eux de ne pas en parler que de devoir faire face à une éventuelle remise en question. Le suicide est causé par une forte détresse psychologique. Or, si celle-ci provient du travail, cela indique que les conditions de travail ne sont pas supportables. Pour amener plus de confort aux employés, les moyens peuvent être variés : moins d’heures de travail, moins de responsabilités, soutient psychologiques… autant de mesures qui compliquent la vie de l’entreprise ! Et pour éviter ces problèmes-là, on se tait.

La dynamique capitaliste actuelle a énormément d’influence sur notre comportement et sur nos actions. Malheureusement, dans bien des cas, la croissance et le profit l’emportent sur le bien-être des travailleurs. La situation est alarmante. Dans cette course au profit, la vie des travailleurs est négligée à un tel point que certains d’entre eux préfèrent se l’enlever ! Il faut rester attentif à ne pas se laisser dépasser par la recherche du profit ou par la pression mise par l’employeur, et veiller à rester en bonne forme mentale avant tout. Le bien-être personnel passe avant la réussite économique de l’entreprise.

Camille Ory 

Image: http://www.psychologies.com


mercredi 15 octobre 2014

Conflit entourant le projet de loi 3

Des employés municipaux ont manifesté à l'hôtel de ville de... (PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE)
http://www.lapresse.ca/actualites/montreal/201408/29/01-4795648-saccage-a-lhotel-de-ville-44-employes-accuses.php
et
http://ici.radio-canada.ca/regions/montreal/2014/10/09/008-saccage-hotel-de-ville-nouvelle-accusation.shtml

Suite au conflit étudiant de 2012, les paramètres de la lutte sociales ont été modifiés. La mobilisation organisée menant vers des démonstrations de puissance et de solidarité a pavé la voie à une exposition médiatique sans précédent. Ces transformations de l'action collective, ou à tout le moins l'ampleur de ce mouvement, n'est pas sans conséquence sur les luttes syndicales du moment. À une période où les politiques d'austérité se succèdent en vue d'amoindrir les dépenses étatiques, le projet de loi n° 3 « Loi favorisant la santé financière et la pérennité des régimes de retrait à prestations déterminées du secteur municipal » arrive avec la subtilité d'une bombe dans la cours municipale. Ce projet visant une restructuration à la baisse des régimes de retraite a soulevé la grogne des employés municipaux qui multiplient les actions de mobilisations, certaines étant plus radicales que d'autre. L'article analysé pour la présente entrée dans le blogue est en lien avec les événements du 18 août dernier durant lesquels des manifestants se sont introduits dans l'hôtel de ville de Montréal et y ont commis diverses actions illégales, allant de l'attroupement illégal jusqu'au méfait, en passant par les voies de faits. La partie suivant le court résumé de l'article se penchera sur l'organisation syndicale et les moyens utilisés par les employés municipaux lors de ces événements.

Ainsi, cet article du jeudi 9 octobre annonce que des accusations supplémentaires sont déposées contre treize nouveaux employés municipaux, y compris onze pompiers. Il est ainsi question maintenant d'un total de cinquante-sept personnes accusées. L'ironie de cette situation est que les policiers ayant procédant à l'enquête, grandement critiqués pour leur inaction lors des actions du 18 août dernier, sont également interpellés par le projet restructurant les régimes de retraites. Il n'y aurait aucun policier d'accusé dans le dossier, seulement un employé civil du Service de Police de la Ville Montréal. Le maire de la ville, Denis Coderre, était présent sur les lieux lors du débordement du 18 août et a choisit de ne pas porter plainte personnellement, mais a quand même critiqué le travail de la police et les débordements des employés municipaux.

Les événements du 18 août entrent dans une catégorie plutôt singulière d'action collective. Il n'est pas question d'une lutte entre travailleurs et employeurs pour une amélioration des conditions de travail, mais plutôt pour une amélioration (ou une conservation des acquis, selon les employés municipaux) des conditions de retraite. À une ère au Québec où une grande partie de la population active de la génération des boomers approche de la retraite, chaque année des employés municipaux accèdent à d'avantageux régimes gouvernementaux et ceux étant encore actif à l'heure actuelle se retrouvent dans une situation d’iniquité vis-à-vis leurs prédécesseurs. Les forces en présences sont ainsi les employés municipaux et l'administration gouvernementale et les forces de législations des pensions de retraite. En regardant les différentes théories du syndicalisme de la seconde vague telles qu'identifiées par Renaud Paquet, Jean-François Tremblay et Éric Gosselin, un courant semble coïncider avec les actions du 18 août dernier, malgré quelques manques. Il n'est évidemment pas question d'une perspective unitariste, en le sens que celle-ci : « nie les différences fondamentales d'intérêts entre les travailleurs et les entreprises, entre les détenteurs de capitaux et les producteurs. » (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 21) On est ici en présence d'un clash où les deux partis se disent ouverts à négocier sur les conditions des régimes de retraite et non pas dans une entrave de la production capitaliste économique. La lutte entre les employés municipaux et l'État est plutôt du ressort d'un système pluraliste à l'intérieur duquel : « les buts ultimes des syndicats sont d’améliorer le sort des travailleurs au sein de la société capitaliste dont ils acceptent pleinement les inégalités et les structures de pouvoir. » (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 21). On est ici en présence de deux groupes sociaux bien définis, et celui des travailleurs cherchent l'amélioration, ou à tout le moins la préservation, des conditions de retraite établies préalablement. Malgré l'hétérogénéité des employés municipaux, il n'en reste pas moins que ceux-ci font front commun et cherche avant tout une reconnaissance de leurs droits communs. Ils cherchent à négocier collectivement pour profiter de la force de leur nombre et ne veulent conséquemment pas ce scindés en sous-groupes, démarche qui leur ferait perdre de la puissance. Cependant, l'approche radicale ou d'économie politique critique semble s'apposer davantage aux événements du 18 août étant donné que : « Le pouvoir syndical sera exercé dans un cadre conflictuel et sera déterminé par la densité syndicale, le niveau interne d'organisation syndicale, les possibilités de mobilisation et les ressources syndicales. Quant au conflit et aux tensions, ils découleront directement de la nature de la relation d'emploi... » (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 24)

On peut ainsi voir dans le saccage de l'hôtel de ville qu'il y a bel et bien eu une mobilisation des ressources syndicales en vue du conflit opposant les deux partis et que les enjeux monétaires sont au centre de cet affrontement. Cet enjeu permet aux groupes concernés la négociation collective, par laquelle un compromis est possible et plus aisément trouvé que dans des enjeux de contrôle ou de pouvoir. (Tremblay, Paquet, Gosselin, 2002, p. 25) Néanmoins, ces courants théoriques et leur application au contexte des conflits entourant le projet de loi 3 ne tiennent pas en compte d'un troisième acteur : les médias par lesquels passent l'influence de l'opinion publique, qui semble pencher de plus en plus du côté étatique.

mardi 14 octobre 2014

Les banques et le syndicats


Actualité? Peut-être pas. Pourtant les salaires des P.D.G.s sont souvent remis en question au Danemark.

L’article n’en parle pas, mais constate  seulement en dessous les photos ce que gagnent les P.D.G.s  des banques danoises. Entre 16,3 millions de couronnes et 4,5 millions de couronnes ou entre 2,9 millions dollars et 980.000 dollars. Surtout, les banques ont été rendues responsables de la crise en 2008. Une responsabilité qu’elles n’ont pas volontairement voulu accepter malgré une vaste quantité de preuves. Ce qui a fâché une bonne partie de la publique danoise, pour qui les frais des transactions bancaires ont augmenté et les services offerts ont été fortement réduits.

Les employés dans les banques, comme partout au Danemark, ont dû accepter une modération de salaire et en une baisse de salaires réels, en même temps les P.D.G. recevaient de grandes augmentations. Un des raisonnements pour augmenter les salaires étant d’attirer des candidats internationaux pour ces postes de direction. On dirait plutôt sans succès, regardant les photos.

À l’époque, beaucoup de gens se sont faits licenciés en raison de la crise et les réductions des effectifs qui la suivaient. Par la suite, de nombreux travailleurs de col bleu et de col blanc ne trouvent que de l’emploi plus ou moins précaire. Ceux qui n’en trouvent pas touchent au chômage, mais ils doivent envisager une diminution de niveau de vie grave, causant, par exemple, la dégradation du logement. Les P.D.G. reçoivent par contre des indemnités qui protègent leur façon de vie et leur niveau de richesse pour plusieurs années à venir, même pour de courtes pistes d’emplois.

Pour toucher au chômage au Danemark, on doit tout d’abord montrer que l’on cherche du travail, non seulement près de chez soi. Après quelque temps si l'on ne trouve pas de travail on doit chercher partout dans les régions du pays. Une distance de trois heures de route est acceptable légalement, mais pas forcément par les travailleurs qui cherchent à demeurer près du travail. Ceci est devenu plus difficile, car les banques ont resserré les conditions des prêts immobiliers ce qui limite la mobilité de la main-d’œuvre au Danemark. 

Les banques au Danemark comme partout dans le monde sont au cœur de l’économie du pays et dans cette capacité elles étaient subventionnées par le gouvernement dans la crise financière mondiale en 2008. Dans le public le sentiment est qu’elle doit au pays de retourner la faveur. Cependant, les banques sont des entreprises commerciales qui sont là pour gagner de l’argent pour les actionnaires. L’écart entre la population danoise et leurs banques devient de plus en plus grand. 

Ce qui est intéressant dans le contexte du travail et du syndicalisme est la réaction du public. On dirait que les sentiments évoqués par la situation présente sont pareils aux sentiments de la classe ouvrière envers les propriétaires des moyens de production – exprimés, certes, d’une autre manière sur Facebook, YouTube et Twitter.

Le gouvernement socialiste semble avoir adopté la pensée néo-libéraliste et ne souhaite pas intervenir pour ne pas limiter les forces du marché (pourtant ils l'ont déjà fait en les soutenant pendant la crise), mais encore plus étonnante est la réaction des syndicats. Le silence. Depuis les années 1990, le syndicalisme souffre d’une diminution du nombre des membres et d’une perte d’idées pertinentes dans la perception du public. Il s’est présenté une chance de se mettre sur le côté du travailleur, mais ils ne l’ont pas prise. Ceci renforce l’image des dirigeants syndicaux comme des vieillards qui n’ont plus de raison pour se mettre dans la lutte du travailleur et qui n'ont plus en commun avec les P.D.G.s des banques qu’avec leurs membres.  

 

 

Les chômeurs ne cherchent plus d'emplois



" Il faut renforcer les contrôles. Il faut qu'il y ait, à un moment, une sanction". F. Rebsamen, ministre français du travail et de l'emploi

Le ministre du travail et de l'emploi, François Rebsamen, déclarait en septembre que Pôle Emploi (l'agence de recherche d'emploi en France) devait accroitre le contrôle des chômeurs inscrits sur ses listes. Par là, il entend sanctionner, donc radier, les individus n'étant pas activement à la recherche d'un emploi. Selon lui, dans un pays qui tente de se redresser économiquement "ce comportement n'est pas possible".

Il est plutôt difficile de lire ce genre de déclarations sans réagir. Pour comprendre la sévérité de ces paroles et pouvoir les commenter de façon justifiée, il nous faut dans un premier temps dresser le contexte de la France qui se trouve aujourd'hui dans un état économique et social critique. En effet, le chômage de masse poursuit inexorablement sa progression et nous pouvons chiffrer aujourd’hui le nombre de chômeurs de longue durée, qui ne cesse d'augmenter depuis bientôt dix ans, à presque 2,5 millions, dont la durée moyenne d'inactivité se chiffre à 532 jours (1).
Nous parlons donc ici d'une société dans laquelle les individus n'ont plus la force de chercher un nouveau travail. Travail qui, comme nous le savons, occupe une place centrale dans la vie des individus depuis des centaines d’années et fait partie intégrante de l'identité individuelle, occupe le quotidien, procure un revenu mais également un sentiment d'utilité sociale. M. Rebsamen voudrait donc radier des individus qui ne recherchent plus tout cela. Mais n’y a t il pas la un paradoxe ? N’est il pas nécessaire de nous poser la question « pourquoi » ils ne le recherchent plus ?

Nous ne parlons pas d'individus, du moins pour la majorité, qui ne veulent pas travailler pour profiter du système mais d'individus qui ne veulent plus travailler. Il s'agit de découragement et de désespoir. La plupart sont  "à bout de forces", éreintés par les démarches administratives, les refus, les échecs. Nous savons tous par notre expérience ou celle de notre entourage que chercher un emploi par l’intermédiaire de ce type d’agence relève d’un véritable parcours du combattant. Les démarches administratives sont souvent compliquées par le zèle et la rigidité dont font preuve un grand nombre de responsables dans les agences.  Cela étant, beaucoup peuvent être découragés par le phénomène du déclassement, situation dans laquelle l’emploi occupé n’est pas au niveau de sa formation mais que l’on accepte par besoin de revenus ou tout simplement pour faire partie à nouveau d’un collectif. Finalement, la plupart des chômeurs qui ne cherchent plus d’emplois sont simplement découragés. Partant de ce constat, est il est raisonnable de prendre le problème dans ce sens la ? Ce type de déclaration n’est-elle pas la preuve que les autorités publiques « attaquent le problème » par le mauvais côté ? Les syndicats se sont par ailleurs mobilisés et font savoir leur profond désaccord avec l’idée de sanctionner les chômeurs qui ne cherchent pas activement du travail. Et pour cause, à la vue d’une telle déclaration et lorsque l’on connaît la situation du pays d’un point de vue politique, on pourrait croire qu’il ne s’agit au fond que de faire baisser les chiffres du chômage après l’échec de la politique de l’emploi depuis le début du quinquennat. Il semble pourtant qu’il serait plus raisonnable d’opter pour une procédure d’accompagnement et d’encouragement du chômeur plutôt que de procéder à une stricte radiation des listes. Face à ce type de situation, la priorité des autorités devrait être de remobiliser  les chômeurs en les rapprochant d’un conseiller personnel qui pourrait les accompagner dans leur démarche. La radiation ne devrait alors concerner que les individus fraudeurs donc l’inactivité est motivée par l’intérêt et le profit.

Enfin, une étude récente de Pôle Emploi a montré que 20% des personnes inscrites sur ses listes ne cherchaient pas d’emploi (étude menée à Toulon et Manosque auprès de 2600 chômeurs). Il est difficile de tirer une conclusion à une échelle si réduite mais les chiffres nationaux de l’enquête définitive sortiront ce mercredi. Nous pouvons déjà prévoir qu’ils ne seront pas brillants. Si le constat national se révèle être le même que le résultat local, se posera alors la question des moyens qu’il faudra mettre en place pour effectivement renforcer le contrôle des chômeurs.

 Laurène Conte 

 (1) http://www.lesechos.fr/journal20141010/lec1_france/0203845001330-pole-emploi-se-prepare-a-generaliser-le-controle-renforce-des-chomeurs-1051991.php#